Le
miel de la passion se prolonge.
Deuxième voyage en terre apicole pour
accompagner Claudine et Jean dans leur périple. La récolte du miel
en cette mi-août a commencé. Elle s’effectue lorsque les hausses
semblent pleines et les cadres operculés au moins aux trois quarts,
ils en ont déjà prélevé plusieurs sur leurs quarante ruches.
L’opération doit se dérouler par une belle journée chaude, avec
une pression atmosphérique élevée. Un maximum de butineuses
parties dans la nature, la colonie se montre moins agressive. La
veille, leur visite s’avéra compliquée. « Les
abeilles n’aiment pas qu’on prélève les cadres. Elles se
montrent susceptibles, on dirait qu’elles sentent... Elles
s’énervent et si toutes les conditions ne sont pas réunies la
récolte devient délicate. »
Ce que l’apiculteur considère comme une « récolte » est, à
l’inverse, reçu par les « ouvrières » comme un
cambriolage, le fruit de leur labeur disparaît. Le couple décide de
commencer par la rangée du haut plus à l’ombre. La première
colonie n’a pas énormément travaillé et les cadres du corps de
ruche restent insuffisamment remplis. « À
surveiller cet hiver... »
Affirme Jean dubitatif. C’est aussi cela la glorieuse incertitude
de la nature. La suivante présente tous les aspects d’un habitat
bondé, comble effectivement. Jean sort les cadres, les tapote sur le
châssis de la hausse, les « mouches à miel tombent ».
Claudine avec une balayette finit d’évacuer les insectes accrochés
à la cire. Dès le retrait l’apiculteur peut dire l’origine de
certains miels. Celui des pissenlits ou de la bruyère sont plus
foncés et à l’extraction n’ont pas la même consistance. Celui
de nos amis est générique avec pour principale caractéristique de
provenir d’un lieu loin de toute pollution. Le garage de leur
pavillon, pour quelques semaines, devient une vraie miellerie. Ils
travaillent chaque plaque de cire gaufrée l’une après l’autre
pour retirer les opercules qui obstruent les alvéoles, d’où
s’échappera le « liquide sucré et sacré » lors de
l’opération d’évulsion. Les cadres s’insèrent dans la cage
de l’extracteur, actionnée par un moteur électrique. La force
centrifuge évacue le nectar transvidé dans le maturateur où il
séjournera une quinzaine de jours à reposer, décanter. Ce
« nettoyage » donne un produit très pur. Chaque jour,
l’apiculteur enlèvera l’écume qui surnage sur le miel. Le
premier « réservoir » va libérer ses quelque deux cents
kilogrammes. Désormais, prêt pour sa mise en pot, une étape
chronophage indispensable pour la vente. Cette opération délicate
entre la pesée, l’étiquetage et la fermeture du récipient obéit
à des protocoles bien spécifiques régis par la loi. À chaque
séance d’extraction obligation de nettoyer la totalité des outils
et du sol, tant pour l’hygiène que la propreté des locaux. Dans
quelques jours, la saison d’hiver du rucher débutera avec les
actions et précautions idoines pour protéger la population des
frimas. La vente par le bouche-à-oreille ramènera les clients
fidèles quelques voisins d’abord puis au gré des informations une
chalandise autochtone. Claudine et Jean ne se déplacent pas sur les
marchés, leur seule passion ne produit pas suffisamment pour en
établir un commerce avec pignon sur rue. Notre troisième et dernier
volet sera consacré aux prédateurs de l’abeille.