Le journal d’un voyage sans retour.

Ce journal, un voyage sans retour, de l’Aubrac à la Nouvelle-Calédonie écrit en Nouvelle-Calédonie, par un missionnaire mariste chez les Kanaks de 1858 à 1891, originaire du Centre de la France, Jean Gilibert, demeure totalement inconnu jusqu’en 2007. Jean Gilibert, 1818-1891, porté par un ardent désir d’aller en Orient, quittera la France à quarante ans, évangélisera l’île de Pot, au nord de la Grande Terre, avant de faire connaissance avec les « transportés » de France, après la Commune de Paris. Ce journal que l’auteur, à sa mort en 1891, voulut confier à sa famille, n’avait encore jamais fait l’objet d’une étude sérieuse. Cet ouvrage fut conservé plus d’un siècle dans la maison Gilibert d’Auliac de Jabrun, aux confins de l’Aubrac. Le cinquième enfant d’une fratrie de six le rédigeait au milieu de tâches nombreuses, dans des îles et stations reculées du Nord de la Nouvelle-Calédonie. Il le remit à son frère, Antoine Gilibert, longtemps curé de Saint-Flour. Il remplit 10 cahiers, dont 8 se retrouveront par son arrière arrière-petit-neveu dans la demeure de Jabrun. Jean Gilibert enverra aussi une malle avec 60 instruments de travail, objets usuels, documents et outils. Ils vont enfin entrer au musée des arts premiers Jacques Chirac du quai Branly. Tracer des chemins, capter les sources, introduire l’élevage, réinventer le pain et le beurre, multiplier les plantations, codifier une écriture, construire une église, si vite envahie par la végétation, il utilisait tous les savoir-faire acquis à Jabrun, et au-delà. La santé atteinte, il accepta les aumôneries des « transportés », ce qui devint pour lui, comme pour ses confrères, un déchirement et même la découverte des malentendus qui minaient la chrétienté française.

 Cette transmission des objets et manuscrits venus de la Nouvelle-Calédonie jusqu’à Jabrun et préservés pendant 130 ans dans la maison d’Auliac, témoigne du respect, de l’attachement au patrimoine, à une culture dénuée de tout intéressement si ce n’est la conservation de la mémoire de gens humbles, issus de la terre, qui de manière altruiste, si ce n’est le don de soi, ont œuvré aux quatre coins de la planète avec pour objectif la prédication ou la diffusion d’une certaine humanité. Une odyssée fantastique que cette épopée missionnaire, qu’elle soit du diocèse de Saint-Flour ou d’ailleurs. Un heureux évènement pour sa famille, pour la paroisse Saint-Martin en Caldaguès, que l’aboutissement de la mise au jour de la vie de cet aïeul, Jean Gilibert, parti à 40 ans pour un voyage sans retour, évangéliser les îles lointaines de la Nouvelle-Calédonie. Quel soulagement pour moi que de voir la transmission de ce fabuleux patrimoine géré de manière durable. Ce fut un casse-tête  et une obsession. La providence aura voulu que ce fût vous, Monsieur Kasarherou, Président Directeur du musée des arts premiers Jacques Chirac et spécialiste de la civilisation Néo Calédonienne qui preniez en charge cette collection. L’œuvre du Père Gilibert reste un riche matériau de réflexion non seulement pour la mémoire calédonienne et Auvergnate mais aussi pour l’histoire du Christianisme et de l’évangélisation ou tout simplement la rencontre des cultures, leur choc même, dans une humanité qui refuse le tribalisme d’où qu’il vienne et qui cherche à accéder sans cesse à sa dimension personnelle et universelle la plus profonde et la plus large* ». Dans le même temps la correspondance entre Jean et son frère Antoine resté curé à Saint-Flour et Vic sur Cére était remise à Pascale Moulier historienne et archiviste du diocèse.





Assistaient à cette remise officielle :

Emmanuel Kasarhérou président, directeur, du musée des arts premiers Jacques Chirac du quai Branly. Il se trouve ainsi le premier kanak à la direction d’un établissement de grande envergure en métropole. Mgr Didier Noblot, évêque de Saint-Flour, Alain Marleix ancien ministre, père Kevin Dufy provincial des pères maristes, père Camille curé de la paroisse, Magali Léandri du musée du quai Branly, Madame Pascale Moulier, les maires de Jabrun et Chaudes-Aigues, la population locale, la famille Gilibert.

* Les passages en italique sont issus de l’intervention de Pierre Gilibert.





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