Les cervidés bénéficient d'un grand comptage interdépartemental
Les
4 et 5 octobre 2014, les Fédérations des Chasseurs du Cantal et de
la Lozère ont organisé, sur le massif de la Truyère, la 13e
édition du comptage interdépartemental cerf. Cette opération
d’envergure a été menée sur 54 communes : 37 dans le Cantal
et 17 en Lozère, soit une étendue prospectée de près de 70 000
ha. L'association Caldagués de chasse agréée sous la férule de
Jean Pierre Astruc son président, se retrouvait hôte des
participants et organisateurs. Il s’agissait de la plus vaste
procédure d’inventaire de cerfs réalisée en France. Ce
dispositif, déjà bien ancré au niveau régional, reste une
expérience pilote et novatrice sur le plan national. Elle est le
fruit d’une concertation entre de nombreux partenaires :
« Office National de la Chasse et de la Faune sauvage »,
« Office National des Forêts », « Centre Régional
de la Propriété forestière ». Elle couvre une surface
géographique sans précédent, dépasse les frontières
administratives, conduite, cette année, sur Cantal et Haute-Loire et
en collaboration avec les régions Auvergne, Limousin et
Languedoc-Roussillon. Ce suivi appelé comptage par corps s’inscrit
dans le cadre de la gestion des populations interdépartementales de
cerfs, répété tous les 6 ans sur chaque unité.
Près
de 1 000 bénévoles mobilisés pour prospecter les 388 secteurs de
la zone. Les chasseurs locaux encadrés par les personnels de
Fédérations ont constitué l’essentiel des observateurs, leurs
connaissances de l’espèce et du terrain étant indispensables pour
le bon déroulement de l’opération. Elle a réuni des étudiants,
participants d’horizons divers et variés, curieux, forestiers,
agriculteurs, professionnels de l’environnement, ainsi que les
différents partenaires qui ont complété efficacement les équipes.
Elle
montre la capacité des nemrods à faire vivre des territoires ruraux
souvent délaissés, révèle la compétence de leurs associations en
matière de gestion organisée. Ce chiffrage couronne de succès
près de 30 années de conservation et d’administration d’une
population réintroduite. Ayant pour origine une dizaine d’individus
relâchés dans les années 60, et permettant aujourd’hui
l’exercice d’une chasse durable et concertée à l’échelle des
massifs du Massif Central. L’objectif des fédérations impliquées
est scientifique, écologique, touristique, voire économique, mais
la dimension mythique du « roi des forêts » reste ancrée
dans l’esprit de tous les participants.
La
chasse était interdite pendant ces deux jours pour des raisons
d’organisation et de fiabilité pour la tranquillité des animaux.
« Si pendant longtemps nos sociétés n’ont pas à tous coups
su prendre en compte la profusion de l’environnement qui les
entourait, laissant ainsi un certain nombre d’espèces, faune ou
flore disparaître, désormais la situation est à la sensibilisation
pour un équilibre environnemental ». L’impact pédagogique
de ce type d’opération pour l’avenir du Cerf est patent. Au-delà
de ces résultats, ce genre d’évaluation complète les données
apportées par les différents pointages réalisés annuellement par
les Fédérations (comptage au brame...). Tous ces éléments aident
à définir les politiques de gestion des effectifs.
Le Grand Comptage interdépartemental par corps
« Accompli
une fois tous les six ans sur chaque unité de gestion en plus
d’écouter les cerfs bramer, on cherche également à examiner et
identifier les animaux ». L’observation est réalisée sur
les lieux de brame, mais aussi en périphérie de celles-ci lorsque
les places ne sont pas parfaitement définies. Quatre rondes
consécutives, matin (6 h 30 à 9 h) et soir (17 h 30
à 20 h), effectuées, par la même équipe composée de deux
« spectateurs » sur des secteurs d’une centaine
d’hectares au maximum. Cette méthode tire son intérêt de la
répétition tous les six ans qui permet d’obtenir une appréciation
de l’évolution des effectifs. Elle complète l’écoute du brame
et le comptage au phare, confirme les conclusions et apporte des
renseignements qualitatifs sur la structure des populations (mâles,
femelles, jeunes…) ainsi que sur la position des noyaux d’animaux.
La préparation d’une telle opération nécessite une très bonne
connaissance du territoire, ce qui induit la présence des chasseurs
locaux, ainsi qu’un nombre important de participants. De plus, une
réalisation soignée est essentielle ; en effet, le
dépouillement et l’interprétation des résultats peuvent être
délicats si les constatations ne sont pas rigoureusement notées.
Les cervidés se déplacent beaucoup et peuvent être vus plusieurs
fois au cours d’une même séance par plusieurs observateurs. Au
total, 1 737 animaux ont été recensés (1 617 côté Cantal et 120
côté Lozère) : 569 cerfs, 722 biches et bichettes, 318 faons
et 128 dont l'âge et le sexe restent indéterminés. L’ensemble
des données récoltées ce week-end devra être analysé afin de
préciser l’évolution tant quantitative, qualitative que
géographique de la population des cerfs de la vallée de la Truyère.
P.P.