Dialogue fructueux autour de l'agroécologie
La
Médiathèque du Conseil général en complicité étroite avec les
bibliothécaires du réseau Cantal de lecture publique et en
collaboration avec les salles de cinéma du département, proposait
l’édition 2014 du « Mois du film documentaire »
sur le thème de l’engagement. Dans un monde où l’individualisme
est érigé en valeur suprême, de plus en plus d’hommes et de
femmes donnent de leur temps, de leur énergie et de leur dévouement
pour une idée ou une cause. Partout des voix s’élèvent. Avec la
programmation du film « Pierre Rabhi, la reconquête du
songe », qui retrace le cheminement d’une pensée et d'une
vie , les organisateurs ont voulu mieux faire connaître ces
empêcheurs de penser en rond et leurs combats déterminés,
pacifiques, mais non dénués de danger. Ici ou ailleurs, des gens
s’engagent. A
l'instar de
Pierre Rabhi, paysan, écrivain l’un des pionniers de
l’agroécologie en France. Amoureux de la Terre nourricière et
investi depuis quarante ans il appelle aujourd’hui à l’éveil
des consciences pour construire un nouveau modèle de société où
« une sobriété heureuse » se substituerait à la
surconsommation et au mal-être des civilisations contemporaines.
Dans
les pas de Pierre Rabhi
Le
document suscitait le débat, appelait à l'échange, après sa
projection en présence d’Olivier Hébrard, spécialiste de
l’agroécologie dont le parcours atypique invite à le classer
parmi les empêcheurs... « Après
la vente de la ferme de mes grands-parents, j’ai continué à
fréquenter la paysannerie pour m'éduquer à toutes les solutions
alternatives susceptibles de bâtir l’agriculture et la société
de demain ». En parallèle, il poursuit des études en
géologie, hydrologie, et agronomie,
jusqu’à un Doctorat (environnement, sciences de l’eau, ).
Ainsi
nourri par ses acquis : la paysannerie, la nature, les lectures,
il s’installe en
Auvergne,
expérience malheureuse et douloureuse. Rentre à Montpellier dans le
monde de la recherche agronomique qui « le fait tomber de sa
chaise » par ses pratiques et accointances. Il bifurque vers
les canaux associatifs et rencontre Pierre
Rabhi participe à l’aventure des moniales de Soulans avec son
mentor. Y prolonge son action. Fort de ce bagage et de cette maîtrise
à 37 ans il marche dans les pas de Pierre Rahbi
se repaît des ses mots, de ses idées et de ses écrits. Sans jamais
juger, mais dans un esprit critique, dans le respect des positions de
l’autre il essaye aujourd’hui de faire sa part en tâchant de
promouvoir toutes les alternatives à « l’impasse vers
laquelle nous nous dirigeons à très grande vitesse… »
Deux
publics, deux séances, deux-cents participants
Chacun
doit apporter son tribut. Il ne dresse le procès de personne et
comprend que d’aucuns ne puissent sortir de leur situation du jour
au lendemain. Il souhaite simplement que ceux-là économisent de
plus en plus leurs produits pour épargner la nature. Dialogue et
pédagogie président toujours à ses propos, au vocabulaire simple,
tant avec les collégiens qu'avec les adultes ou les professionnels.
La sensibilité des uns le disputait à la préoccupation des autres.
Deux publics, deux séances. L'une avec les scolaires qui dura plus
de deux heures sans chahut ni dissipation. L'autre avec les adultes
sans militantisme ni prosélytisme où la passion de la nature et l'
expertise terrienne ont nourri l'échange. Deux cents spectateurs
conquis par cette rencontre pleine d' intelligence partagée. Olivier
Hébrard ponctuera ainsi la soirée :« Plus
je m’enfonce dans mes réflexions, et plus l’agroécologie
me paraît être, comme le revendique Pierre Rabhi, une alternative à
l’impasse des modèles occidentaux de notre
civilisation...Quoiqu'il
arrive je finirai paysan» .
Une veillée qui se poursuivra encore longtemps autour d'une part de
fouace et d' un verre de cidre offerts par la municipalité.