Jean Sarrus, un Charlot à la Source.



L’habitude est devenue une institution une fois par trimestre les collégiens passent de la cour de récréation directement à la salle de cinéma pour une séance d’amusement avec la projection d’un film de pur divertissement moins scolaire, quoique. En amont, Aymeric Delcros, animateur des lieux et Pierre -Jean Belondrade, principal de Louis Pasteur, s’accordèrent pour donner à voir « le grand Bazar ». Mais ce jour-là un des acteurs majeurs, Jean Sarrus, ex-Charlot accompagne le long métrage. Le défi demeurait parallèlement de montrer ce film de 1973 à des adolescents, mais également des adultes, qui n’étaient pas nés à ce moment-là, pas plus que leurs parents, pour qui le nom des Charlots et de Jean Sarrus restait inconnu jusqu’aux premières images. Jean Sarrus a débuté comme bassiste de Dick Rivers. Puis il rencontre Antoine et son groupe les Problèmes qu’il intègre. Entre les morceaux ou dans les répétitions, « On déconnait et rapidement nous sommes passés de la musique au cinéma avec plus d’une décennie de redoutables succès. On tournait en fonction de la destination : l’Espagne ou Hong Kong. » Ils sévissent, sans jamais bien se prendre au sérieux, devant la caméra de Claude Zidi, André Hunebelle, Philippe Clair, Yvan Chiffre. Ils participent à l’écriture des scénarios. Comme toutes les bonnes choses, cela s’arrête et chacun vogue de son côté. Finalement après un détour par Saint-Tropez Jean Sarrus se fixe par hasard à Blesle en Haute-Loire. C’est dans sa semi-retraite que, sur dénonciation d’Aymeric Delcros, Pierre-Jean Belondrade le débusque et l’invite à présider la projection du grand Bazar, le meilleur des Charlots, affirme la presse de l’époque. « Je vous avoue que je me demandais bien comment allaient réagir les gamins et leurs enseignants. » Il reste dans la salle au dernier rang et comprend rapidement que le public est conquis par les situations comiques, gags, l’humour absurde, et des procédés cinématographiques et acrobatiques pour « piquer » dans les hypermarchés. Notre comédien assume. La lumière rallumée les collégiens applaudissent, ils diront leurs fous rires à la sortie, se montreront curieux en posant de multiples questions à un Jean Sarrus disponible, tout en bonhomie. Comme il fut aussi réalisateur et scénariste, il reviendra à Louis Pasteur pour parler de son expérience et raconter le tournage coté off. Le film bénéficie de seconds rôles solides, nous sommes en 1973, tel que Michel Galabru en épicier déterminé, Michel Serrault en directeur de grande surface, ou une apparition de Coluche, alors peu ou pas connu. Enfin, la comédie interpelle par son fond politique, chose inédite chez les Charlots. La critique de la mondialisation, déjà, une menace avérée sur les petits commerces avec la baisse des prix et de la qualité. Mais elle est sincère, toujours d’actualité, et amène à une conclusion irrévérencieuse pour cette fantaisie. 

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