Jean-François Demeure, la pierre en héritage.

Consultez le CV de Jean-François Demeure. Vous comprendrez la chance donnée au Caldagués d’accueillir, en la chapelle des pénitents, un sculpteur de cette pointure, au carnet de voyage bien rempli : Japon, Brésil, Liban, Turquie… Juste avant le vernissage il m’a accordé un entretien quelque peu singulier où il m’a parlé de sa vie, son œuvre. Né en Poitou-Charentes il a grandi entre un aïeul notaire et le souvenir d’un autre, héros de la résistance locale, qu’il n’a pas connu. « Ce dernier possédait un atelier dans lequel je prenais des outils et m’amusais avec comme tous les gosses. Chez le notaire je pouvais me distraire avec deux objets, une lionne et un cheval, deux bronzes magnifiques de Antoine-Louis Barye un sculpteur du 19éme. On me laissait jouer avec, c’est sans doute de là que vient mon affection pour l’art. Pendant les heures de catéchisme au lieu de prêter attention à ce qui se disait j’inventoriais les chapiteaux et les modillons de l’église. J’ai toujours été bricoleur. Tout jeune j’avais déjà des grandes mains, je les cachais : on se moquait de moi. » L’homme désormais expose dans monde entier. « J’ai eu de la chance de commencer en Poitou-Charentes où le calcaire s’avère plus malléable que votre granit ou basalte, ça aide quand on débute. Chez nous je connais toutes les églises romanes, je suis addictif à ces monuments, ils nourrissent mon métier. » Il intégrera l’ ENSA de Nice où il affinera son expertise qui le mènera à l’enseignement à Limoges et aux quatre coins de la planète. « J’ai tout traversé : le dessin, la peinture, la gravure, mais je suis resté fidèle au caillou. C’est physique certes. J’ai appris les vielles techniques du 19é pour le principe. Aujourd’hui les appareils exécutent certaines tâches mieux que nous. Tenez le polissage de cette œuvre-là au milieu est travaillé à la machine. Un homme peut poncer quelques petites surfaces, mais pas des choses comme là. La sculpture demeure une activité physique, dans mon atelier je peux soulever jusqu’à trois tonnes avec mon palan et mon élévateur. Le problème c’est le transport. Alors quand j’accepte une commande à l’étranger c’est moi qui me déplace sur site. Cela lui permet de s’immerger dans la Culture locale, de visiter le pays d’en assimiler les arcanes humains et les coutumes, beaucoup plus que n’importe quel guide. « Tenez j’ai passé trois mois au Japon. Mes commanditaires se demandaient comment je ferais pour les repas. J’ai mangé avec les carriers qui ne parlaient pas français et moi pas japonais, j’en ai appris, malgré la barrière de la langue, plus que tout un chacun sur le Japon. Cela tisse des liens incroyables. » Nous revenons sur la France, l’Auvergne et... « Si je connais l’Aubrac ? Bien sûr ! Limoges où j’habite n’est pas si loin. Avec mon épouse on a marché sur l’Aubrac pour de belles et grandes randonnées. Certains de mes amis sont pécheurs. J’ai essayé mais sans conviction. Et puis les architectures romanes sont nombreuses. J’ai beaucoup circulé en France et dans le monde… La suite reste en suspend. Emportés par notre discussion nous mettons le protocole en retard. Ainsi s’achève cet entretien avec un homme à l’humilité exemplaire. Rien dans son attitude et ses propos ne dévoile la maîtrise de son art, sa technicité et son image de marque mondiale. Comme le dira Michel Brousse, quelques instants plus tard. Nous avons une grande chance de saluer et accueillir Jean-François Demeure en cette chapelle. Entrée libre, jusqu’au 15 août, par la rue Saint-Jean tous les jours de 15 h 30 à 18 h 30. Côté avenue Pompidou pour les personnes à mobilité réduite.

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