Jean Rouch, ingénieur des Ponts et Chaussées, découvre
l’ethnographie au Niger. Lors d’un second séjour
en Afrique, il entreprend la descente du fleuve Niger, et s’intéresse
aux Songhay, dont il devient le spécialiste
incontestable. Puis, vient sa passion pour le 7e art qui lui apporte
une autre méthode d’étude. Il capte, filme l’évolution du
continent africain et de la société française. Son écriture
cinématographique influencera la génération Nouvelle
Vague. Merveilleuse Afrique est une pièce tirée du
roman de Boubou Hama, ami du précédent. Son adaptation pour la
scène est signée de Pierre Fernandès l’Auvergnat qui attend prés
du goudron en écoutant Mogo et Jean deviser. Merveilleuse Afrique
se passe sur les rives du fleuve Niger. Une vie improvisée s’y
déroule, ceux qui réparent, ceux qui lavent, ceux qui cousent des
vêtements, ceux qui se reposent entre deux concerts traditionnels.
Jean Rouch en panne de Mobylette patiente. Le temps diffère au bord
du fleuve et Jean n’est pas pressé. Mogo qui vit là, respecté de
tous entreprend de lui transmettre le véritable sens de l’Homme
noir dans l’histoire des civilisations ; et le rôle qu’il
va jouer dans la conquête spatiale et l’avenir de l’humanité…
Mogo et Jean vont deviser pendant plus d’une heure au milieu d’un
fatras africain, un cyclomoteur, une machine à coudre… Dans un
décor minimaliste tout en symbole. On danse, on attend, on palabre,
on parle de ses rêves de Californie, on philosophe, on essaie de
réparer la fameuse mobylette de Jean Rouch. On crie, on chante, on
dialogue aussi paisiblement. Chacun y va de son assertion. L’humour
reste présent. « L’homme noir est à côté du Niger,
l’homme blanc à côté du goudron ». Un spectacle ou une
grosse soixantaine de personnes a trouvé du plaisir. C’est
intelligent facile à suivre, sans excès culturel. Les acteurs
vivent leur rôle, ce mélange « ethnico-culturel » pose
les bonnes questions, les mêmes que celles de Jean Rouch dans les
années soixante. Jamais rien de caricatural à l’excès. Le texte
n’a pas pris une ride, c’est sans doute tout aussi désespérant.
Chacun fera son miel de ce texte prégnant en rentrant chez lui.
L’ambiance sonore joyeuse restera dans ses oreilles tout autant que
la discussion contrastée en noir et blanc faussement naïve.
L’entrée libre ne vous excuse en rien de votre absence. Ce
spectacle est une coréalisation de la Compagnie des Champs &
Tréteaux du Niger.
Restitution cour oasis
Quelques clichés, je vous en dis plus prochainement