La belle rencontre avec Maurice Chalayer
Les meilleures rencontres que vous puissiez connaître dans votre vie
sont les plus fortuites, sans doute les plus belles. Un matin à
peine onze heures, bibliothèque Saint-Jacques, j’avise deux
ouvrages, sur le bureau de Véronique, d’un dénommé Maurice
Chalayer, curiste de son état. L’auteur lui en a fait cadeau pour
les mettre à disposition des lecteurs. La porte se pousse, notre
homme rentre, en deux mots le courant passe immédiatement, on
s’installe à l’écart, « cela peut faire un chouette
papier ». Effectivement le monsieur « un taiseux,
selon sa femme, bien meilleur à l’écrit qu’à l’oral ».
Je connais un autre spécimen du genre. De quoi parlent deux taiseux
quand ils se rencontrent « ils se taisent »
répondrait quelque facétieux. Eh bien non une heure plus tard nous
nous quitterons avec regrets. Il aborde sa destinée, passionnante,
par :« Dans ma vie j’ai tout fait à l’envers ».
Il intègre l’entreprise familiale dans l’exploitation du bois
depuis 1870. Originaire du massif du Pilat, entre Loire et Ardèche,
Maurice Chalayer est issu d’une parenté de sagards depuis
plusieurs générations. Puis il partage son temps entre l’activité
de formateur aux compétences de la scierie dans le Beaujolais et le
journalisme. Il aime à « traîner » sur l’Aubrac,
du côté de la Chaldette. Chercheur indépendant et diplômé de
l’université de Tours, Maurice Chalayer travaille depuis 30 ans
sur l’organisation socioprofessionnelle des scieries françaises.
Il est aussi le président fondateur de « L’observatoire
du métier de la scierie », anime le « club des
scieurs-développeurs » et de leurs partenaires où il fait
autorité depuis 2003. Il en maîtrise l’histoire, la réalité,
les problématiques et les stratégies factorielles. La revue « Le
Bois international » a publié nombre de ses articles.
Également sportif accompli : ski, course de fond… En dehors
de ces activités, excusez du peu, il est l’auteur de plusieurs
ouvrages, « Les promesses du haut-pays », « La
paix des collines », « Retour à Rochessac »,
« Un buisson d’aubépine », qui se déroulent dans
le monde de la forêt et du sciage et certains comme « La
terre de la discorde » à Chaudes-Aigues et dans ses
environs sur le plateau de l’Aubrac. Nous dévierons bien
évidemment sur ses onze romans aux éditions de Borée. Il entraîne
le lecteur sur drailles et chemins avec des histoires de paysans,
d’amours rurales contrariées... Avec cette assertion qui guide
« la terre de la discorde » : « Tous
quittent l’Aubrac pour la ville et toi tu fais le contraire,
vraiment on ne se comprendra jamais... ». Quand il dit « je
fais tout à l’envers ». Ses
héros également. Quelques-uns de ses ouvrages demeurent à
disposition à la médiathèque.