Les bains romains à Chaudes-Aigues , une légende ?

 

Dernièrement, le pays d’art et d’histoire sanflorain a confié à Pascale Chappot, guide-conférencière, la mission de converser à propos des bains romains à Chaudes-Aigues. Nous ne voulons pas ici ouvrir une polémique stérile, mais préciser certains points. Sidoine Apollinaire, dont on parle souvent, n’est jamais passé en Caldaguès. Ses « calentes baiæs » ne représentent pas Chaudes-Aigues, connue pour ses sources d’eau chaude sulfureuses bénéfiques pour le traitement des troubles hépatiques et pulmonaires. En réalité, Chaudes-Aigues n’a jamais été un centre médical spécialisé dans ce domaine, et ses ressources hydrothermales ne contiennent pas de soufre. (Charles Félgéres, Histoire de la baronnie de Chaudes-Aigues) La découverte dans une excavation de quelque baignoire, creusée dans la roche volcanique, ne se rapporte en rien à des ablutions romaines. L’architecture et le soin que ces derniers prenaient dans la construction de leurs établissements ne se retrouvent nulle part. Que des explorations aient mis à jour des monnaies gallo-romaines n’a rien d’une preuve. Des voyageurs, Romains ou autres, pouvaient passer par là et jeter ou perdre quelque argent sur l’actuelle place du marché où se trouvait un bassin public de bains. Les dernières fouilles de 2019 semblent accréditer cette thèse. Ces fouilles de 2019 indiquent la présence d’un muret construit à la manière romaine, c’est tout à fait possible, sans qu’il soit romain. Le sous-sol de la cité chauffe-eau a été retourné, creusé et inspecté pour travaux en de nombreux points depuis les années 1960 : Saint-Michel, lotissement la Jarrige, centre thermal, Caleden, salle Beauredon, piscine municipale, cité HLM, centre de secours, l’ Enclos,l’ hôpital Pierre Raynal et son glissement de terrain. S’il existait des vestiges romains, dans ce fond de vallée, ils n’auraient pas échappé aux excavatrices. Quant aux ruines dites de bains romains photographiés à des fins de carte postale, elles ont une autre histoire. Un arcandier du nom de Vaissier, originaire de Saint-Urcize et particulièrement connu à Paris dans les années 1870, a lancé une souscription pour construire un établissement thermal au lieu-dit « La Luzerne », quartier de la piscine. Vaissier fait siens des subsides récupérés et les bains dits romains font illusion. Le monsieur est cependant connu et, en 1872, il fut condamné à la déportation assortie d’une dégradation civique pour avoir profité de la commune de Paris. Le susnommé se retrouve, après d’autres condamnations, déporté en Nouvelle-Calédonie.(Pierre Chassang, Chaudes-Aigues, une description). L’abbé Jean Gilibert de Jabrun qui évangélisait les Kanaks, entre 1858 et 1891, à l’occasion d’une visite au dispensaire, où se soigne Paul Vaissier, se rencontrent . Ils parlent du pays. Vaissier raconte en abrégé le 25 février 1875 son histoire au prêtre. Il avoue ne pas être impliqué dans cette arnaque. Pourquoi aurait-il menti à l’ecclésiastique ? Le missionnaire tenait un journal pendant toutes ces années, intitulé ( Jean Gilibert, le voyage sans retour ). Il y a quelque temps je recevais deux photographies où l’on voit que cet endroit connaissait une grande activité, vraisemblablement après la Première Guerre mondiale, avec un bâtiment dont les murs ressemblent étrangement aux ruines des bains romains. Et si les ruines baptisées bains romains n’étaient que les restes de ce bâtiment ? Et si Vaissier n’y était finalement pour rien. Un éditeur a trouvé le moyen de vendre ses cartes postales et de créer « la légende ». Quoi qu’il en soit, il n’ existe aucun bain romain en Caldaguès. À tout le moins, il reste à les dénicher. Tout ceci nous éloigne de Pascale Chappot, elle possède, un document, un plan, où le Remontalou coule du bas vers le haut. Il n’est donc pas interdit de penser que les Romains l’ont fait ruisseler à l’envers. Ce qui expliquerait bien des choses...