Le miel et les abeilles du rucher de Cabrillade
C’est sur la commune de Lieutadés
que j’ai rencontré, pour ne pas écrire découverts Joël
et Geneviève Darves-Blanc.
Ils arrivent du Paradou dans les Alpilles où lui militait dans
l’association pour la sauvegarde de la chèvre de Rove. Une race
dite « à petit effectif » en voie de disparition. Les
efforts de conservation réalisés ont permis d’augmenter le
troupeau, estimé désormais à environ 14 000 femelles en
France. Une population sauvée avec une production de viande et de
fromage très gras. Parallèlement il possédait 400 ruches et
150 caprins du Rove. Le couple s’est installé juste au bord
du bout du monde. Lui a commencé sa vie professionnelle comme
charpentier couvreur aux compagnons du devoir. Et puis il abandonne,
fourbu, le travail du bois pour devenir apiculteur. Il rencontre
« Madame »
comme il dit. Elle est éducatrice, ils attendent qu’elle obtienne
la retraite pour venir à Cabrillade. « Pour
changer d’air ». Ils
achètent une demeure dans ce village. Mais ici le climat est à
l’opposé de celui du Paradou, si la longitude est équivalente, la
latitude affiche quelques différences. Mais pour Joël une
habitation et son environnement se visitent l’hiver. Ils vont
passer quelques semaines hiémales sur place et reviendront à
intervalles pour prendre la température ambiante.
Une
maison à l’essai, satisfait ou dégoûté.
Ils sont installés définitivement depuis deux ans. Il a déménagé
son rucher désormais implanté sur divers emplacements gentiment mis
à disposition par les agriculteurs locaux. « Il
faut rester respectueux des lieux et des gens. Je donne 8 kilogrammes
de miel par an et par rucher alors que la moyenne en France est de
six. ». Notre
berger des apis n’est pas un adepte de la transhumance et
s’interdit de promener les ruches, trop de stress pour les animaux
et les hommes… La commercialisation a pris sa vitesse de croisière.
« Les gens viennent
à la maison, nous échangeons, partageons.
Nous avons prospecté des
points de vente, amplifié une communication traditionnelle :
fléchage, office de tourisme, marchés de Noël… ». Et
surtout un bouche-à-oreille positif, efficace.
Contrairement à la mode
actuelle notre apiculteur réfute le mot « bio ». « Ici
nous sommes protégés des
pesticides. » Puis
il revient à son rucher
« Je viens de remonter mon cheptel avec 180 ruches. Ici
la production est plus faible que dans le sud. »
Après une première visite en juin je reviens en décembre pour
dresser un bilan. La récolte de l’année est à l’aune de toutes
les autres régions à contrario de la Bretagne, une baisse
conséquente de rendement. « C’est
l’année qui veut cela. L’an dernier nous avions déplacé le
rucher du midi ici à Lieutadés et perturbé les animaux. Résultat
une petite année également pauvre. »
Geneviève et Joël sont désormais parfaitement intégrés,
participent au quotidien autochtone. Ne regrettent nullement leur
déménagement, bien au contraire. Une vie paisible faite de
rencontres, découvertes et d’étonnement souvent.