Nono : le plaisir de la chanson à texte.
Public
de connaisseurs ce soir-là dans la salle du Couffour, ambiance
cabaret pour la cinquantaine de personnes, invités par Laurent et
Fabienne, clients , amis, et fans de la première heure. Depuis la
dissolution forcée du duo avec le corse, notre troubadour local
reste essentiellement seul devant ses claviers. Après un passage à
vide l'artiste a repris le dessus « à quelque chose malheur
est bon ». Après les excès le garçon s'est assagi, samedi
il a tenu plus de deux heures l'assemblée avec une unique petite
interruption. Apaisé il a mis les potentiomètres de la sono deux
crans en dessous. Ces quelques décibels en moins ont le mérite de
poser plus avant sa voix rocailleuse et d'en parfaire la
compréhension. Il donnera cette dédicace « pour toi maman »
avant d'interpréter « mon amant de Saint Jean ». « La
chanson préférée de maman , elle ne me pardonnerait pas de ne pas
la jouer ». Le public est à l'aune tout autant qu'il le sera
lorsqu'il ajoutera au répertoire « le premier de la classe »
et sa savoureuse chute qui produira éclat de rire et
applaudissements unanimes de tous les auditeurs. Pourtant le jugement
maternel était catégorique: « tu ne vas quand même pas
chanter ça ». C'est tout Nono comme on l'aime et l'apprécie,
espiègle. Apaisé est le mot qui convient . L'artiste a pris la
mesure et la conscience d'un talent que l' assistance attend de lui à
travers les chansons qu'elles soient d'amour, de contestation ou
d'humour. Au programme : Nougaro, Brassens, Lavilliers, Brel,
Ferré et quelques autres dans un ordre souvent aléatoire au bon
vouloir du musicien. Il connaît son Brassens sur le bout des notes ,
le sert, l’offre au monde. Facétieux, il refusera de donner « La
Montagne est belle ». Une splendide soirée de fin d'été à
écouter la poétique de textes que tous les auditeurs connaissent,
fredonnent, dans des interprétations que parfois on pourrait
qualifier d’hérétiques. Danser , disons plutôt esquisser
quelques pas sur du Brassens relève du sacrilège pour les
puristes (dont nous sommes) et gardiens du temple. Sacré Nono jamais
à court d'une provocation. C'est Brassens, là-haut, qui devait bien
se marrer.