Georges Bataille revisité « par monts et par mots »

Dans le décor du café Costeroste, « ce lieu est un cadeau » affirmera Vincent Dubus,  tenu rempli deux heures par ce dernier au clavier et son compère Michel Géniaux à la diction sans faille, se déroulait l’étape Caldaguès de la 11e édition du festival départemental de lectures musicales « Par monts et par mots », consacrée cette année à la littérature cantalienne contemporaine. L’un comme l’autre sait son Georges Bataille sur le bout des doigts, en l’occurrence « le bleu du ciel ». La guerre civile espagnole est proche. Le second conflit mondial est dans l’air. Tel le Gainsbourg : «d' une nuit que j'étais à me morfondre dans quelque pub anglais du cœur de Londres, parcourant l'Amour monstre de Pauwels, me vint une vision... ». Dans cette lourde atmosphère d’attente, le narrateur oisif traîne son ennui, se déplace de Paris à Barcelone et finit en Allemagne un périple au bout de sa vie. On ne peut que penser au « voyage au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline. Mais c’est bien là la seule connexion avec le « Voyage ». Un voyage prémonitoire dans un roman où un personnage se dépense jusqu’à tutoyer la mort avec force beuveries, nuits blanches et coucheries. Étrange récit, rédigé en 1935, à une époque politiquement et littérairement surréaliste on songe à Bunuel, mais aussi à Sade. Georges Bataille est un écrivain tourmenté, confiant ses fantasmes de manière crue et spontanée. Les deux artistes par un prononcé clair à la scansion qui colle au rythme de l’écriture de Georges Bataille et leur connivence feront tout oublier au public qui évite de se racler la gorge ou de tousser par ennui ou irritation. Bien sûr le texte n’est pas d’une grande gaîté, mais possède la qualité d’entraîner l’auditeur, le lecteur, dans l’univers d’un auteur passé par le Cantal dans la dernière période de sa vie. Entré au séminaire à l’âge de vingt ans, Georges Bataille admet rapidement la faillite de sa vocation religieuse. Ses œuvres témoignent de son érudition et de la diversité de ses engagements : théologie, économie, politique, histoire de l’art, érotisme... Écrivain longtemps maudit, Bataille a été encensé à sa mort par une nouvelle génération de maîtres-penseurs et de philosophes. Une éphémère confrontation avec Georges Bataille, à l’ambition pour les organisateurs* d’arracher le spectateur à ses références littéraires habituelles, de surprendre, décontenancer, choquer, voire séduire. Car il est toujours profitable de secouer son confort intellectuel. Celui de l'accueil est resté à l'aune des années précédentes par Marinette et Jean Claude Puechemaille toujours fidèles et dévoués à ce rendez-vous. Que Véronique Albaret avait préparé de longue date par une communication passionnément efficace.

* La Médiathèque départementale et le réseau des bibliothèques cantaliennes

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