Les trois médailles de Pierre Viers


Pierre Viers. Né le 21 juin 1987 à Aurillac, atteint de mucoviscidose et greffé bipulmonaire en 2011, était retenu pour les mondiaux de natation des transplantés en Argentine. Pour défendre ses trois titres obtenus en 2015 il a participé et testé un protocole mis en place pour les sportifs par Caleden. Récit de son escapade au cours d’un entretien samedi dernier à Caleden où il poursuit son programme.
Alors ? C’était mal parti en mai quand nous nous sommes rencontrés j’étais en retard sur ma préparation. Et nous n’avons pas pu rassembler la somme pour qu’au moins Hélène Dizac ma coach puisse m’accompagner. Je suis allé seul à Mar-del-Plata en Argentine. Enfin avec l’équipe de France. Mais...
Le bilan ? Je conserve mon titre sur 100 mètres brasse. Je finis premier aussi au 200 mètres quatre nages. Et médaille de bronze au 50 mètres brasse. C’est un bon bilan pour moi.
Est-ce que les trois séjours à Caleden ont été bénéfiques ? Ce n’est rien de le dire. Lors du premier séjour, nous avions quelques soucis. Je n’avais pas suffisamment nagé et… psychologiquement c’était pas terrible avec en plus une blessure… Au deuxième la forme était revenue. Ici nous avons trouvé une ambiance sympathique, des personnels à l’écoute qui ont tout fait pour notre confort sportif et moral. Les protocoles étaient parfaitement adaptés. Une personnalisation qui me correspondait.
Hélène ? Les hydrothérapeutes ont bien travaillé. Ils se sont pliés à nos exigences avec un protocole particulier. Ils n’ont pas employé un truc générique plus ou moins bidouillé. Non, comme le dit Pierre c’était individualisé. Ils développent un savoir faire particulier pour le haut niveau. Que du positif. Pierre apprécie plus particulièrement ce dernier séjour sans enjeu. Avec des médailles qui sont là. C’est plus de la remise en forme. De la récupération
Et l’avenir ? Contrairement à 2013, je ne vais pas couper complètement. Rester dans l’eau, faire autre chose, ne pas perdre le contact. En 2017 les jeux seront en Espagne. Moins de soucis de financement et de déplacement. Je changerais de catégorie, les 30-39 ans. Ce pourrait être un autre défi.
Professionnellement ? C’est pas terrible. Je suis à la recherche d’un emploi dans les assurances, le commerce ou la banque. Actuellement j’émarge à Pôle-emploi. Je m’applique à trouver quelque chose qui me corresponde avec l’expérience que je possède. C’est pas simple... Même avec des titres de champion du monde.
Et Anna ? Elle est née dix jours avant mon départ, j’ai pu en profiter. Elle va bien. C’est un beau bébé... Évidemment c’est ma fille !
Celui qui il y a quelques mois disait « Je lance un défi à la vie » n’en a pas terminé avec les défis extra-sportifs, c’est aussi son moteur. Sans se départir de son humour et de sa bonne humeur, la petite Anna et quelques médailles plus tard il est apaisé avec cette satisfaction du devoir accompli. 
 


Pour une reconnaissance handisport des transplantés
Au préalable à cette participation fin août aux championnats du monde en Argentine il leur fallait trouver 10.000 euros pour boucler le budget. Objectif non atteint, Pierre dut partir seul. « C’était une petite haie de plus sur le parcours ». Affirmait Pierre Viers à propos de la non-reconnaissance des transplantés en handisport les privant de tous subsides publics ou privés. Sauf les Anglais qui sont bien organisés et quasiment professionnels. Un statut pour lequel il plaide avec son staff : Heléne Dizac et Marie Carreau. Pour cela il faut sensibiliser les autres organisations. « Nous militons afin que les transplantés soient reconnus handisport et athlète de haut niveau. Nous avons présenté notre projet aux instances politiques et délégations sportives pour une reconnaissance effective. » Affirme Marie Carreaud avant de conclure : « Si la greffe répare l’organe, elle n’éloigne pas pour autant la maladie ». Malheureusement les fédérations sportives ne souhaitent évidemment pas partager leur gâteau avec les transplantés.



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