Quand Pierre et Brian Orlhac restaurent une jeep.




Chez les Orlhac la Jeep fait partie de la famille. Achetée en 1982 elle a conduit les beaux jours de Pierre et de ses chiens pour quelques mémorables sorties de chasse. Puis elle s’est transformée en véhicule de transport pour la construction de la maison familiale. Ensuite l’engin aurait pu tout aussi bien finir chez le ferrailleur. Non ! Pierre l’a reculée au fond du garage en se promettant de s’y mettre un jour. Entreprendre de la désosser entièrement, la nettoyer, de refaire la carrosserie, la mécanique dans sa totalité. Bref la restaurer de fond en comble. Oh! Bien sûr, Patricia, mère et épouse, aurait aimé la sortir de là. Mais Pierre outre son caractére de taiseux naturel, est aussi un obstiné, têtu affirment certains. Il cumule diront quelques-uns. Peu importe, son dessein était... Mais le destin vous joue des tours dont parfois on se passerait bien. L’affection s’est emparée de sa vie et de son corps. Elle a servi de déclencheur. Pour escamoter, le « crabe » qui lui en voulait à la carcasse et à l’esprit. Pour oublier, effacer la maladie… Il se lança à corps perdu, sans mauvais jeu de mots, dans la concrétisation de ce projet. Et un matin il s’y est mis. Brian avait grandi et se retrouvait professionnellement dans la mécanique. Alors tous les deux s’y sont collés et le garage devenait moins vaste. Le moindre boulon fut desserré, nettoyé, le simple bout de tôle poncée, la bâche refaite, les sièges reconditionnés, le moteur mis à nu, les pneus déjantés. Brian se lança dans la couture. Confectionna les couvre-phares, comme sur les photos, dans la couleur de la toile d’origine. « Tout ne s’est pas toujours bien passé avec le père », se souvient Brian en souriant. « Des fois on... » avouait Pierre dont le reste de la phrase se perd en allumant sa cigarette. Et pendant huit mois tous les jours Pierre occupait son temps au garage. « J’oubliais cette saloperie de maladie ». Et de marquer un silence avant de poursuivre « J’avais la tête accaparée, »…. Le soir à la télévision ils regardaient les films de guerre, Brian les a tous vus, quasi incollable du « soldat Ryan à Fury ou Monument's men ». Il leur manquait la dimension historique de la voiture. Et pour cela un seul personnage, à la passion presque insolente… Pierre Albisson donna des conseils, prêta les nomenclatures, apporta les adresses de magasins spécialisés dans les pièces détachées, passait de temps en temps. Huit mois plus tard en y travaillant tous les jours le véhicule retrouvait enfin sa jeunesse. C’était une vraie Jeep, pas une Ford. Ils ont aussi reconstitué la généalogie de l’Auto, peignent sur la carrosserie les numéros, les indications mécaniques, l’étoile… Seule anomalie, mais ne le répétez pas, le moteur n’est pas d’origine. Mais qui s’en soucie ? « Bien sûr que dès que l’on pourra on en montera un autre, un vrai. C’est une question de budget » disent-ils en chœur. Combien coûte ce genre d’amusement en heures et en euros ? « On ne sait pas. C’est incalculable, moi j’y passais souvent de six heures du matin à 10 heures du soir ». Père et fils ne cessent de regarder leur jeep. Apprécient leur travail. Pierre effleure d’une main le capot pour retirer quelques brindilles apportées par le vent. Brian retend la bâche et remet en place un cache rétroviseur. Tous deux s’assoient dans le véhicule caressent le tableau de bord, le volant… L'admirent avec une fierté méritoire.

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