Jean et Claudine le miel de la passion.


Le véhicule tout terrain serpente au milieu des arbres à flanc de coteau. « Ici, c’est pollution zéro » précise Jean au volant de l’engin tout à sa conduite. « Et voilà, c’est là. » Deux rangs de ruches forment une cité dans un lieu discret baigné d’un soleil qui distille une chaleur conséquente en ce début d’été. Nous quittons l’utilitaire, pas un bruit si ce n’est le bourdonnement de la population mellifère la plus proche. Pas d’autre murmure. Au travers des arbres, on devine le lac et la structure d’un pont. « On peut dire que notre miel est bio affirme Jean au détour de la conversation ». Effectivement, le premier pesticide doit se trouver à plusieurs kilomètres à vol d’oiseau. Claudine prépare les tenues dans lesquelles nous allons nous enfermer, nous protéger, par précaution. Elle attrape également son cahier de travail. Là-dessus, tout est noté, toute la tâche accomplie et celle à venir. On va déjà commencer par déplacer la « caisse » qui contient l’essaim récupéré la veille. Nous sommes des astronautes, ailleurs. Jean allume la luzerne déshydratée du soufflet. Il transvide la ruchette de l’abeillage ; les cadres passent dans une autre plus grande. Nous cherchons la reine sans l’apercevoir les apis semblent excitées. Les butineuses changent d’elles-mêmes d’habitation. Une procession spectaculaire rejoint la reproductrice. Quelques minutes plus tard, elles ont toutes intégré la nouvelle colonie. Maintenant, commence le vrai labeur : suivre le cahier de Claudine. « Vérifier la 8 ». Jean en retire le chapiteau, le toit, avec une sorte de raclette qu’il glisse sous le plafond du niveau supérieur et l’on peut constater le travail des abeilles. « C’est plein, on doit ajouter une hausse ». Claudine pose l’étage supplémentaire avec précaution, le couvercle est remis en place. « Tu vois celle-là à trois élévations, elle contient déjà 40 kilos de miel ». On poursuit le contrôle, tranquillement avec des gestes précis sans mouvement brusque. On adjoint une hauteur à la 12. Claudine inlassablement lit son cahier, l’annote. « Sans cela, on serait paumé, nous possédons 40 ruches, c’est notre ordinateur. Elle seule sait exactement ce qu’il manque ce que l’on doit emmener pour la prochaine visite ». Des bouteilles pendent accrochées à certains arbres : « Ce sont des pièges à frelons asiatiques, on les capture avec une mixture ». Nous rejoignons la rangée du bas plus importante. Deux ou trois choses à vérifier. Un habitat abandonné vient de se voir colonisé « Il faudra s’en occuper », probablement le lendemain. Voilà déjà plus de deux heures que nous avons enfilé l’armure. Le travail sur le cahier est terminé. Le jour suivant ils repasseront prendre soin du nouvel essaim et effectuer le tour. Nous reprenons la sente pour déboucher sur la départementale… Quelque trois heures agréablement vécues, ailleurs à s’accaparer l’esprit en compagnie d’insectes finalement attachants, tranquillement dans la quiétude d’un coin protégé, cela existe encore, à admirer les industrieuses bestioles dans leur milieu naturel. Je reviendrais avec eux au moment de la récupération de hausses vers la mi-août. Rassérénés par la compagnie de ces hyménoptères infatigables nous rentrons.



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