Une belle soirée avec Agathe Oléron.

Le postulat du mois du film documentaire 2017 proposait de poser préjugés, craintes, habitudes, ordinaire et de se laisser attraper par l’insolite. Diplômée à l’école des Beaux-arts de Rennes en 2000, Agathe Oléron travaillera sur de nombreuses productions à divers postes pourvu qu’ils lui permettent de s’exprimer. « La dame de Saint-Lunaire » est sa première création. « Une femme vit à Saint-Lunaire entre 1950 et 1991, qui pendant 40 ans a construit sa maison de bric et de broc à la manière du facteur Cheval. Certains parlent de « la folle de Saint-Lunaire ». D’autres l’appellent Madame Devidal, Jeanne, Taja, Madame Cageot... » Comment, d’une découverte lors d’une sortie scolaire, naît vingt-cinq ans après la démolition de la « maison de la folle », cette idée de production cinématographique ? Agathe Oléron était l’invitée du dispositif « le mois du film documentaire » initié par le Conseil départemental. De l’insolite, Agathe Oléron en apporta à la cinquantaine de spectateurs venus embarquer pour une escapade chez « La dame de Saint Lunaire ». Ce public a navigué avec la réalisatrice tout au long de la soirée. Outre de présenter une œuvre réussie tant sur la forme que sur le fond, elle a animé cette veillée hommage à celle, qui durant 40 ans, construisit une « maison » à la Gaudi. Un bâtiment insolite avenue des tilleuls dans Saint-Lunaire, cité balnéaire de 2000 habitants située en Ille-et-Vilaine. La cinéaste collecte archives et témoignages qui vont de Dominic Sonic chanteur, aux neveux de la dame en passant par les voisins. Agathe dresse un portrait positif de son héroïne. Jamais caricatural, respectueux il traite simplement le sujet afin d’appréhender les tenants et aboutissants de sa démarche. Le « sacre du printemps » d’Igor Stravinsky, œuvre « chaotique » accompagne et enrichit le document. Après la projection Agathe Oléron affirmera sa passion, son élégance de conteuse. Les zones d’ombre dans l’existence de Jeanne Devidal posent questions. Ses soutiens en haut lieu de la république accentuent l’équivoque. Sa destinée de quasi recluse amplifie la perplexité. Son activité « inconnue » pendant la seconde guerre mondiale : résistante probablement, collaborationniste sûrement pas, espionne peut être. Les réponses épaississent parfois le mystère. Ainsi va toute la vie de celle qui décédera à 101 ans. La réalisatrice avec sa bienveillante disponibilité, son aménité, sa connaissance de l’affaire, ses talents de narratrice ajoutés à son éclectisme culturel ont capté l’attention de l’assistance. Personne ne quittait le navire, accroché, fasciné par cette histoire. Des liens arachnéens et affectifs se tissaient avec Jeanne Devidal dans l’inconscient du spectateur. Agathe a effectué le voyage depuis sa Bretagne, par le train, pour présenter son documentaire en Caldagués. Ce fut la première projection du film hors la Bretagne. La conversation se poursuivra jusqu’à la mi-nuit accompagnée d’un verre de cidre et d’une part de fouace offerts par la municipalité. 


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