Des
photographes en herbe à l’école de Saint-Urcize
Phot’Aubrac
demeure un festival de photographie nature, animalière et humaine.
Les expositions produites depuis plusieurs années restent toujours
en lien avec l’environnement, l’état et le devenir de la planète
dans tous les domaines touchant sa population. Lors de
l’événement 2017, une présentation se tenait dans le petit
village de Saint-Urcize capitale Aubracienne du Cantal. Toutefois si
plusieurs propositions s’offraient au regard du public, l’une
d’elles a plus complètement attiré l’attention. Christelle
Rieutort agent territorial responsable des activités périscolaires
à l’école du bourg fut interpellée comme les marmots dont elle
s’occupe par une installation intitulée : « Quand la
nature reprend ses droits » et embellit la ville. Le
postulat demeurait singulier. Tous ont pu voir cette nature
surprenante et persévérante, gagner son combat contre béton et
goudron, macadam et ciment. Lorsque le chiendent esthétise la
localité. Pour donner suite à cette exposition les enfants sous la
motivation de Christelle sont partis à la chasse, photographique
s’entend, de l’ivraie qui pourrait avoir envahi l’agglomération
dont Julien Gracq disait : « Saint-Urcize village de
l’Aubrac à l’implantation biscornue, remplie de coins d’herbe
sans destination précise. » Qui cherche trouve. Les
loupiots ont déniché cette nature omniprésente et discrète à la
fois. On passe devant sans vraiment la voir ou y prêter attention.
Les écoliers ont parcouru le bourg et repéré des graminées
franchir les obstacles qui l’entourent. Ils ont tiré leurs
clichés, choisi les instantanés et pris un malin plaisir à
observer leur pays avec ses plantes folles au milieu d’escaliers,
au droit d’une sortie de garage, sur un rebord de toit. Un
inventaire non exhaustif des mauvaises herbes qui rendent la cité
plus jolie, plus distinctement romantique. Et puis beaucoup ont
considéré l’idée « pas mal du tout, même bien »,
puis « intéressante », voire « originale ».
La municipalité a décidé de financer un opuscule où les épreuves
d’écoliers font pendant à celles des professionnels. Juste une
invitation à découvrir le hameau les yeux grands ouverts pour
scruter la nature qui entoure les maisons, les cours, les portails,
les aspérités des rues ou les défauts interstitiels par lesquels
se glisse le végétal. Alors, achetez un exemplaire du guide qui
vous montrera le sens de l’observation des gamins, l’intention
poétique de Christelle et la qualité intrinsèque d’un travail
scolaire. Osez vous perdre dans ce Saint-Urcize que Julien Gracq
décrit par « ces petits coins partout au bas des murs de
lave noire, sur les placettes naines, l’herbe trouve à se nicher
en touffes épaisses comme si le village avait peine à couper le
cordon ombilical qui le lie au pâturage nourricier », dans
ses « carnets de grand chemin. »