Aubrac
des lumières et des hommes.
Hervé Josso a commencé son reportage
en 2010 et pendant 6 années chaque printemps il a sillonné cette
contrée à vélo en allant à la rencontre des gens. Il en rapporte
des images et des certitudes d’une grande authenticité qui
entraînent le spectateur au cœur de ce terroir. L’aventure
démarre à Conques pour traverser les beaux villages classés de la
vallée du Lot. Le réalisateur arrive sur l’Aubrac au moment du
ramassage des narcisses pour la parfumerie. Il poursuit avec la
montée aux pâturages d’été, les vieux métiers, les tête-à-tête
inopinés comme celui avec Jean Gouny de Réquistat, etc. Hervé
Josso est autonome, le vélo, la tente, l’appareil photo et voilà
notre homme qui musarde sur le plateau, prend l’air des temps et
des traditions, recherche des témoignages. Il montre des clichés
que seul le pèlerin peut en offrir à l’aune des brumes
esthétiques et matutinales. Ses images disent une tranche de vie.
Avec des mots qui roulent, les anciens aiment à lui raconter leur
réalité, souvent rude, toujours âpre, leur passion pour l’espace,
pour les vaches Aubrac…Paysages uniques, rendez-vous et époques
révolues sur une terre d’exception où notre « vagabond »
s’immerge entièrement. Il viendra, reviendra sur l’Aubrac pour
compléter, finaliser son reportage. Comprendre. Il entre dans les
maisons, s’immisce dans les mémoires. Il trouve figures, visages,
personnalités ou traits qui acceptent de lui offrir les souvenirs
que d’autres n’ont pu leur arracher. Son album mêle, entremêle
photographies ou vidéo, pertinent, jamais redondant dans son
commentaire. Il laisse le temps au public. En Caldagués à La Source
il découvre son documentaire sur un très grand écran. La qualité
de ses images impressionnantes d’ampleur et rendu l’étonne.
Cinquante-deux minutes à admirer, croiser des gens connus,
quelques-uns disparus également. L’émotion descend dans la salle,
gagne les spectateurs surtout s’ils y voient un ami, un parent,
désormais parti. Le villégiateur, l’autochtone ou le curiste
apprécie cette plongée dans une autre dimension, celle d’avant,
pas forcément du « bon temps », déclic cependant d’une
certaine nostalgie sentimentale avec ses personnages singuliers.