Jean-Luc le facteur qui ne s’ennuie jamais
Sous son air sérieux Jean-Luc Brajus ne ressemble en rien à ce que
pourrait donner de lui la première impression. Il possède une
jovialité qui lui sert de ligne de vie. Ce préposé au courrier que
tout le Caldagués connaît, nourrit un jardin secret que Jeanine son
épouse m’a dévoilé. Le garçon est un plasticien, un vrai. Il
expose aux murs de sa maison, transformés en cimaises, des tableaux
pointillistes parfois, originaux souvent, réussis toujours. Il
travaille le bois, d’une manière toute personnelle. Il prend une
plaque de n’importe quelle essence et vous la métamorphose en
œuvre d’art. Ses inspirations demeurent diverses : une image
de télévision, une carte postale, un chat hautain qui surveille sa
progéniture, un léopard ou un vélo-solex, un cow-boy dans le
contre-jour d’un coucher de soleil, des pingouins. Il sort son
smartphone et montre son prochain projet une scène bucolique de fin
de journée où les arbres se reflètent dans l’eau d’un lac et
esquissent l’apparence d’une guitare. Peu de couleurs, quelques
détails, mais le romantisme reste patent. Jeanine, sa conjointe,
« c’est ma première fan », avoue Jean-Luc,
dévoile quelques œuvres dans la quasi-épure éparpillées dans le
pavillon. Il pratique une discipline entre bricolage, décoration et
loisir créatif, voire « gravure sur bois », qui attire
l’admiration d’un nombre toujours plus important de passionnés.
Elle
permet, avec des essences ni trop dures ni trop tendres, de concevoir
une multitude d’objets. Des cadres aux
ornements fleuris, des tableaux aux motifs répétitifs ou
figuratifs, des boîtes… mais aussi des portraits. Pour façonner
l’œuvre : une scie à chantourner, des lames à foison et
de
diverses natures et formes pour des actions spécifiques. Mais la
règle première consiste à découper le sujet, quel qu’il soit,
sans en briser l’unicité. C’est là tout l’art de cette
occupation. Été comme hiver, Jean-Luc travaille dans son appentis,
un univers rempli de désordre où lui seul se retrouve. Patience et
minutie pour ne pas parler de maniaquerie, plus un goût prononcé
très sûr quant à l’esthétique, ajoutés
à l’avis de Jeanine, le consacrent créateur accompli qui
jamais ne s’ennuie.