« Duo nuances » sous la pluie.
En exergue du programme, on pouvait lire cette assertion de Pablo
Casals « La musique chasse la haine chez ceux qui sont sans
amour. Elle donne la paix à ceux qui sont sans repos. Elle console
ceux qui pleurent». Ce vendredi soir le ciel souffrait
d’intempérance météorologique. Une trentaine de personnes
bravait ces intempéries pour se rendre en l’église Saint-Blaise,
Saint-Martin pour le concert de “Duo nuances”. En couple aussi
bien dans la vie que derrière leurs instruments. Tout au long de la
soirée, leur lien fusionnel tiendra le rôle de troisième
interprète. Au programme des classiques : Brahms, Mozart,
Franck, Vivaldi, Schubert Rossini ou Bizet et puis quelques standards
pour le seul plaisir du voyage dans d’autres univers plus marqués :
Piazzolla, Khatchatourian, Rachmaninov, Michel Legrand ou Angélis.
Quand on observe le soufflet de l’accordéoniste on s’interroge.
Comment l’homme peut maîtriser toutes les notes tellement l’objet
contient de touches ? L’artiste ne possède que dix doigts,
tout au plus douze. Le piano du pauvre, instrument Protée, offre
toutes les inflexions, s’approprie toutes les ambiances, exécute
tous les airs. On peut se demander lorsque l’on détient dans sa
discothèque plusieurs versions du Panis angélicus de César
Franck, ce qu’il va devenir… rien de préjudiciable. On reste
dans la subtilité, le fond et le ton. Les œuvres se colorisent
judicieusement, s’harmonisent différemment. Leurs interprétations
lancent des passerelles entre toutes les mélodies d’un répertoire
qui se tient, ne laisse rien au hasard. Subrepticement transparaît
le jazz dans tout cela. En tous cas l’assistance appréhendait la
virtuosité des musiciens, leur enthousiasme, leur plaisir, leur
complicité, leur vivacité avec cette envie de satisfaire les
auditeurs. Le ciel aurait pu attendre quelque deux heures avant de
lâcher sa diluvienne pluie qui ne cessait pas. La veillée
confirmait la formule d’ouverture de Pablo Casals. Une bien belle
soirée sans condescendance artistique, pour tous publics. Ils ont
promis de revenir l’an prochain. Retenez bien leur nom.