Xinarca la « corsitude » en bandoulière


Xinarca se distingue des polyphonies corses ressassées et galvaudées à toutes les sauces médiatiques. Xinarca, chanteur et musicien d’origine corse est imprégné de cette ancestrale culture insulaire. Ses inspirations puisent dans les airs sacrés et les mélodies de montagne avec cette façon de faire porter la voix de l’homme comme celle des vieux bergers. Dès le prologue, qui dure quatorze minutes, cet organe hallucinant occupe tout l’espace ? Profond et envoûtant il appelle au voyage le spectateur et trouve naturellement sa place dans les églises où l’architecture perpétue la langue et les traditions corses. Diseur et troubadour, l’auditoire devient acteur de ses cantilènes qu’il interrompt pour suggérer à travers l’imaginaire : le maquis, les sons, les silences, les stations, les contemplations, les bêtes, les chèvres qui passent un col ou un défilé, les combattants corses contre les envahisseurs génois. Le chanteur-conteur offre un répertoire d’une éblouissante virtuosité autour de pièces anciennes, des airs sacrés, de pâtres, de travail ou compositions personnelles sans manipulations ni subterfuges. Cette recherche du spirituel par le truchement du chant profond et des créations ne se veut pas fidèle à la tradition dans sa forme, mais dans ses origines. Il exprime une « corsitude » assumée tant dans sa culture, ses contes, ses gestes, ses mots : un régal pour l’ouïe et la vue, une émotion forte pour le corps et l’esprit. Il invitait en fin de prestation Christine Regnier, stagiaire de ses masterclass, à le rejoindre dans une performance duale pour ponctuer la soirée. À travers ses récitals dans les lieux de culte il dispense l’univers mystérieux et spirituel des mélodies de la montagne corse et s’efforce de faire vivre la cetera, ancien cistre à 16 cordes aujourd’hui disparu dont il détient probablement un des rares exemplaires. Il partage avec l’auditeur ses sentiments et certitudes. Sa voix, comme un instrument, vibre en tous sens, emporte… Il ouvrait en l’église Saint-Blaise Saint-Martin par ce concert unique la fête d’été, ce fut pour le public l’occasion d’aller à la rencontre d’un artiste singulier et talentueux pour un inouï grand écart culturel. 


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