Droz, tu mets trop de peinture !

A douze ans elle signait ses premières huiles et depuis rien ne s’est arrêté, douée, elle l’était dès le plus jeune âge et le reste. Éveline Droz de son état professeur des écoles cultive un jardin presque secret. Mes parents n’étaient pas riches je n’ai pas pu faire les beaux-arts. Elle commence par peindre a tempera des icônes grâce à des amis russes. Elle voue une admiration à Monet, Renoir, Dali et Chagall, chacun pour des raisons diverses. Évelyne est une plasticienne unique. Singulière dans sa manière de s'exprimer tout en envolée, ne se sert pas de pinceaux, mais de ses doigts ce qui lui fait dire : mes tableaux seront reconnaissables ma signature apparaîtra avec mes empreintes digitales. Elle ne sait pas travailler autrement que dans la fulgurance, l’impulsion. Une création est achevée en à peine deux heures. Quelle qu’en soit la taille. L’imaginaire se plaque au support, mes gestes formulent mes pensées. Mon inspiration accroche les couleurs. Une sorte de transe. Je me soucie peu de ce que les gens y verront. Chacun s’empare de ce qu’il veut dans mes toiles. Je n’ai pas de modèle, ne fais pas d’esquisse, ne prépare rien. Le besoin de peindre me prend comme l’envie de… M’accapare et je m’exprime, avec le couteau, mes mains, la palette… Je travaille dans l’urgence. Je dépose trop de matière? Ma professeure au collège ne cessait de répéter « Droz, tu mets trop d’huile, de peinture ». Trop de choses… trop de ci… trop de là. Plus je vieillis moins je suis dans le figuratif. Je suis dans la recherche pour susciter les émotions. Le geste ample et la perspective alliés au fantasme engendrent l’émoi. Beaucoup de doutes dans ses tableaux, trop plein de sensibilité, d’imaginaire, de sincérité surtout. Peindre lui apporte une forme d’apaisement physique et intellectuel. Peu lui chaut ce que penseront ou trouveront certains dans ses toiles. J’y mets ce que je ressens à eux d’apprécier, d’aimer ou détester. Elle ne dissuade pas le jugement de la critique, même si cela se situe à des lieues de son expression première. Adopte le « Dites du bien , dites du mal, mais ne restez pas indifférents » de Beaumarchais. Cultive le paradoxe Je sais faire des vaches, des paysages, mais j’en suis incapable. Par ailleurs, elle peint avec des pigments naturels, de la terre d’Aubrac, trouvée simplement dans un talus routier du côté de Laguiole et concocte une alchimie pour obtenir les couleurs qu’elle attend. En bref : je veux donner de la présence à mes tableaux. 

Elle expose sur rendez-vous dans son local de la rue Saint-Joseph.

 

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