Nour et Arnaud Martin reprennent l’hôtel de la mairie.
C’est une histoire peu banale que celle de Nour et Arnaud Martin
qui viennent de reprendre l’hôtel de la mairie. Lui est né à
Bourg-la-Reine, elle au Maroc. Comment fait-on pour atterrir dans la
cité thermale cantalienne ? Lui après plusieurs boulots se
retrouve, grâce à ses capacités, responsable de la surveillance
dans un casino. Dans le milieu sa réputation est appréciée,
d’autant qu’ils ne sont pas nombreux à exercer cette profession
ingrate. Il est approché par d’autres : employeurs qui
possédaient plusieurs établissements dans le monde. Ils lui
proposent le poste de directeur de la sécurité vidéo à
Marrakech, il accepte. Au moment d’une pause. Je vois passer une
jeune femme qui me fait un effet jamais connu. Et je l’aborde. Elle
devient mon épouse, voilà 13 ans. Depuis nous ne nous
sommes plus quittés et nous avons deux garçons. Le premier Louaniss
est né au Maroc. Ensemble ils effectuent pendant 10 ans un
tour du monde des casinos. Argentine, Équateur, Égypte, Costa Rica
où naîtra Kyan. Arnaud maîtrise trois langues : français,
anglais, espagnol. Et puis la lassitude de se trouver hors de
France, on voulait se stabiliser et se reposer également. Les
voyages c’est bien, mais. On décide de rentrer à la maison. Je
fais plusieurs métiers et j’apprends en même temps : barman,
réceptionniste dans un golf hôtel... Nour parallèlement
obtient son CAP de pâtisserie . Parfois nous parlons de prendre
une affaire, mais sans suite. Nous voulions un village avec sa
mairie, son église, nous cherchions le cliché du coin de campagne.
Un jour d’octobre 2019 Nour regarde la télévision et voit un
reportage, de l’émission SOS village. Le commerce proposé
ressemble à ce qu’ils souhaitent. Sans grande conviction on
s’informe. Le dialogue s’établit rapidement avec Martine et
Jean-Michel. On décide de consulter les administrations, on se
renseigne sur le village, la cure, l’eau chaude. Partout le
contact est aimable, accueillant. La banque nous suit et nous
encourage. Le confinement lessive leurs ardeurs et le projet.
Là notre moral dégringole. Ne va-t-on pas reprendre une coquille
vide ? On passe par plusieurs stades. Au déconfinement on
revient à la charge. Ils recontactent tout le monde et
comprennent qu’ils sont attendus à Chaudes-Aigues. L’enthousiasme
reprend vie et le 20 juillet on ouvre la porte de « NOTRE »
hôtel restaurant. Mon grand-père est de Cézens où
je venais en vacances d’été. Alors le cul des vaches, la
nature et tout ce qui fait le sel de la campagne il sait, retrouve
ses sensations enfantines. Nour quitte l’Ehpad où elle travaillait
et les voici dans une autre aventure. SOS village revient pour
constater que nous sommes intégrés, que la population nous
apprécie. Et puis Martin c’est un patronyme courant. Sa maman
tient un bar à Murat. On souhaitait vivre différemment. Là on
est servi tout est plus cool ici. Nour officie désormais au
piano, apprend quelques recettes emblématiques locales . Nous
voulons rester dans la tradition en y adjoignant le savoir-faire de
Nour : tajines, kebab et quelques autres spécialités. Nous
n’allons pas révolutionner l’Aligot ce serait une hérésie.
Nous venons de glisser le couscous à la carte du vendredi qui
connaît un vrai succès. Leurs menus incluront un mélange des
deux cultures avec par exemple une truffade à laquelle ils
ajouteront un dessert exotique. Touches diffuses par ci, petites
doses par là, ils affirmeront, oblitéreront leur image de marque
sans tout chambouler que ce soit en cuisine ou dans les habitudes du
pays et des clients. Nous apprenons tous les jours. Et puis
Martine et Jean-Michel nous aident et nous guident dans notre métier,
nous surveillent du coin de l’œil. C’est à nous de ne décevoir
personne...