La musique prend de la hauteur à La Trinitat,



Les membres du conservatoire de Saint-Flour communauté donnaient un concert de saxophones et clarinettes, un voyage de rêve à 1200 mètres d’altitude. Ce vendredi soir, la modeste église du village devenait presque trop petite pour accueillir tout le monde dans une fraîcheur surprenante pour la saison. À l’extérieur, le noroît jouait de sa température inhabituelle. L’affiche du récital promettait un merveilleux périple. La clarinette et le saxophone appartiennent à la catégorie des vents qui dissipent des notes chaleureuses. Tout commençait par les présentations des instruments et des souffleuses et souffleurs. S’engageait ensuite un voyage dans les Balkans avec de la musique klezmer traditionnelle, des Juifs d’Europe centrale et orientale, dont le style a influencé certains courants du jazz. Justement celui des trois compères : Louis Sclavis, Henry Texier et Aldo Romano, les exécutants en tiraient un titre de leurs « Carnets de route », un disque considéré comme un album majeur de l’histoire du jazz français. Cela suppose un certain culot et beaucoup de talent pour travailler ce monument. Le temps passait trop vite, les notes s’envolaient vers un public acquis à la cause, étonné de la maîtrise des artistes. Le concert se bouclait par un morceau culte d’Ennio Morricone, « la bande originale d’un film de Sergio Leone très connu à deviner. » Annonçait le présentateur. Le cinéphile mélomane dès les premières mesures reconnaissait l’œuvre et l’air. L’interprétation et l’arrangement engendraient chez le même cinéphile la réminiscence d’un duel à trois avec de gros plans sur les yeux des protagonistes et une mélodie qui s’achevait par un coup de feu. C’est la séquence terminale de « Le bon, la brute et le truand, » une réalisation emblématique du couple Leone et Morricone. Elle se ponctue par cet aphorisme. « Le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet et ceux qui creusent ». Lorsqu’une orchestration génère de tels bonheurs, cela dénote la qualité de la transposition. Une agréable et fraîche soirée à 1200 mètres, fin mai/début juin 2024, où le dérèglement climatique n’a pas détruit le plaisir de la musique, bien au contraire. 

 


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