Le cabinet des métamorphoses de Montvallat

Situé aux bords des gorges de la Truyère, dans un site isolé et préservé, au milieu d’un domaine de près de 170 hectares, le château de Montvallat a été inscrit parmi les « Monuments historiques » pour ses parties essentielles dès le 8 avri1 1971. Par arrêté du 8 septembre 2000 et au motif qu’il présente du point de vue de l’histoire et de l’art un intérêt public, la bâtisse a été classée en totalité y compris le châtelet d’entrée, la fontaine, les terrasses et les jardins. L’étendue de cette indexation est inhabituelle, mais motivée par le fait que Montvallat est l’un des rares édifices à être totalement pur et authentiquement de son époque, conforme au plan d’intention du XVIe siècle, et sans ajouts ou remaniements postérieurs au XVIIe. Michel Royer en est l’heureux propriétaire depuis 1991. Heureux est bien le mot pour cet homme passionné. Cette flamme est certes dispendieuse, mais si addictive au plaisir de posséder une telle demeure. « Je fais quelque chose de ma vie, je laisse une trace dans l’histoire de ces lieux et  localement ». 

 
Dans la dynamique des journées du patrimoine, nous avons sollicité une visite individualisée avec pour cicérone Michel Royer. Surtout témoigner de la rénovation en cours du cabinet des métamorphoses dans l’aile ouest du château. Un espace restreint dans lequel trois personnes sont à l’étroit. Chaque panneau du « *cabinet des métamorphoses d’Ovide » est composé d’un tableau dominant, d’une frise représentant sur tout son long le combat des Centaures. À hauteur médiane des scènes mythologiques, suivi d’un autre rang de frise d’actions de chasse. Le niveau inférieur comporte des paysages, enfin une plinthe avec chérubins et guirlandes de fruits. Ce jour-là Sylvie s’affaire à la rénovation des peintures. Une entreprise qui dure depuis trois mois où se relaient plusieurs professionnels sous la férule d’Alix Laveau. « Ce réduit est unique en France, vraisemblablement l’œuvre de décorateurs italiens qui rentraient chez eux après les travaux du château de Fontainebleau et se sont trompés de vallée pour se retrouver ici à Montvallat où ils ont marqué une pause sans doute et leur passage ». Personne n’a trouvé trace de signature ou de contrats. Quoi qu’il en soit l’auteur ou les auteurs étaient de très bons illustrateurs animaliers. La rénovation a fait l’objet de nombreuses discussions entre tous les membres de l’équipe, Yves, Laura, Alix, Sylvie, Antonnella et le propriétaire. « Une fois la commande passée bien souvent les donneurs d'ordre se désintéressent des travaux. Ce n’est pas le cas ici où Michel participe, questionne. Il n’est pas directif, écoute d’abord les différents avis et donne son opinion qui alimente le débat sans exigence ». Avoue Sylvie. C’est toujours gratifiant un maître de céans comme Michel Royer qui observe, dialogue, comprend, mais n’impose pas. « Cette position est très constructive ». L’équipe gardera un excellent souvenir de sa vie de château. Elle logeait au troisième étage pratiquement achevé dans sa rénovation. 


Demeurait ensuite à définir la forme de consolidation à adopter, rapidement il est apparu deux conceptions. Reconstituer à la manière du peintre ou se réapproprier l’harmonie résiduelle sans la réécrire. Cela posé autant de praticiens autant de théories. « Nous ne sommes pas peintres, mais restaurateurs. Notre choix est celui du trattegio ». Précise Alix Laveau avant de poursuivre. « C’est un compromis technique nous mettons en avant l’œuvre ». Une restauration dite semi-archéologique, dont le principe consiste à renoncer de combler les manques par des retouches et à conserver visible l’état de dégradation de l’œuvre, qui fait partie de son histoire. Les réfections sont discernables à proximité, mais intégrées de loin, effets obtenus par cette technique du trattegio, réseau de traits verticaux et parallèles de ton pur. De près, les lacunes laissées apparentes sont observables ; de loin, les yeux du spectateur reconstituent l’unité de l’œuvre. « On lit l’image telle que l’a conçu l’artiste ». Les reprises sont effectuées à l’aquarelle pour les rendre réversibles avec un vernis de protection. Il reste les fentes du bois qui subsisteront en l’état. Le financement est assuré pour 50 % par les monuments historiques, 10 % par la région Auvergne, 15.000 dollars par la « French Heritage Society » une fondation américaine pour la préservation des Monuments historiques Français, le solde par le propriétaire.  Aujourd’hui la famille Royer a largement entamé de lourds travaux de restauration qui se poursuivront tant à l’extérieur qu'à l’intérieur afin que puisse être à terme ouverte au public une bâtisse, dont l’architecture unique, la richesse des décorations intérieures en font un des joyaux de la haute Auvergne.

*Les métamorphoses d'Ovide

Ovide écrivit ses Métamorphoses vers le début de notre ère. Les éditions illustrées des Métamorphoses (en 1471 en Italie, en 1553 en France) ont contribué à l'influence et au succès du texte. A travers les légendes traditionnelles grecques et romaines, Ovide raconte en quinze chants ou livres (représentant plus de douze mille vers), un ensemble de récits concis sur les métamorphoses des dieux, des déesses, de héros ou de simples mortels. Les Métamorphoses ont connu un grand succès et ont inspiré de nombreuses œuvres artistiques à travers les siècles dont ce cabinet, véritable joyau, des métamorphoses à l'intérieur du château.

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