« Les
Sillons de la liberté » ont conquis le public
« En 1950, en Bretagne, on n’avait pas le choix, on était
marin ou paysan, j’étais le seul de la classe à choisir ce
métier. Les filles aimaient mieux les marins, ils étaient riches,
nous, on était des bouseux. J’avais 15 ans lorsque mon père est
décédé, j’ai été obligé de quitter l’école, 15 ha à 15
ans, ça fait beaucoup pour un jeune, mais encore aujourd’hui, je
ne le regrette pas... ». René Duranton spécialiste du
monde rural dresse le portrait de personnalités qui perpétuent le
travail à l’ancienne. Avec « Toi l’auvergnat dernier
paysan » il nous montrait le refus d’un agriculteur à entrer
dans le modernisme. Pour « Renée Bagelet » il nous
dessinait le positif d’une femme de caractère. Pour les « sillons
de la liberté » il s’est déplacé en Bretagne pour nous
décrire un breton têtu comme un auvergnat. Dans le respect de
l’Homme, des animaux, des traditions bretonnes, la caméra de René
Duranton effectue un bond en arrière de 50 ans. Il a rencontré un
personnage heureux, Jean-Bernard Huon, 62 ans, fier d’être resté
le paysan d’autrefois avec ses trois chevaux. Après l’immense
succès de « Toi ! L’auvergnat dernier Paysan » en
1999 et de « Femme Paysanne » en 2003, René Duranton
signe son troisième documentaire long métrage. Durant deux heures
il nous invite dans des « sillons de liberté » tracés
par son personnage. Cinéaste et Conférencier de talent, il arrive à
saisir l’authenticité de ces héros, pour ne pas dire hérauts,
d’un monde disparu qui savent vivre heureux, hors du temps, ne
concédant à la modernité que le minimum vital. On oublie vite
qu’une caméra s’immisce dans l’intimité de ces figures. Ces
fresques d’une grande et spontanée fraîcheur ne jouent pas les
gammes d’une nostalgie de bazar, mais plongent chacun d’entre
nous dans ses racines rurales. L’œil numérique de René Duranton
frôle, effleure la vie, cette vie de labeur, s’ingère sans aucun
voyeurisme, s’arrête où la décence le recommande, montre sans
démontrer, témoigne, laisse surtout le spectateur à l’intelligence
de son jugement. Il revenait au cinéma La source après une
parenthèse de quelques années à parcourir la France paysanne.
« C’est d’ici qu’est partie l’idée de proposer des
conférences avec mes films et depuis je n’ai pas arrêté. Je suis
heureux de retrouver Paul qui m’avait conseillé ce genre
d’aventure. Par sa faute j’ai visité toute la France des
conférences, rencontré des personnages attachants, tourné des
documentaires ». Le réalisateur repassait donc un peu par
la maison en renouant avec le public Caldagués. Pour ceux qui ont
manqué les deux projections qu’ils se rassurent La source
reprogrammera des séances à l’automne. Vous pouvez retrouver les
documentaires en DVD à disposition dans le cinéma Caldagués.