Les
Instituteurs de la région de Saint-Flour témoignent.
Non publiés jusqu’alors, car leur
existence était ignorée, voici, grâce aux Archives municipales de
Saint-Flour qui les a reçus en don, les témoignages d’instituteurs
ou d’institutrices de la région sanfloraine collectés par l’un
d’eux, M. Louis Bac. Ils portent sur la période de mai à
août 1944, lorsque la Résistance d’Auvergne organisa les réduits
du Mont-Mouchet, de la Truyère et de la vallée de Brezons ;
lesquels furent attaqués et détruits par l’armée allemande
(Mont-Mouchet : 10-11 juin ; Truyère : 20 juin ;
Brezons : 8 juillet). Notre Caldagués Jean Favier possède la
réputation d’un historien exégète sur le maquis et les
événements de la seconde guerre mondiale dans la région.
Aujourd’hui il présente son vingt-sixième livre « Les
allemands dans la région de Saint-Flour »
sur le sujet, visiblement inépuisable, en s’appuyant sur ces
documents exclusifs. C’est au cours de l’exposition Revanche qui
se tient, jusqu’au 21 juin, à la médiathèque Saint Jacques que
nous l’avons rencontré. « L’effet
de surprise est total, début septembre 2016, Monsieur Gilles
Albaret, directeur des Archives municipales de Saint-Flour, en
découvrant les documents que venait de lui remettre Monsieur
Longevialle qui fut Inspecteur primaire de l’Éducation nationale
dans le secteur de Saint-Flour de 1969 à 1988. »
Cette enveloppe contenait : « Un
trésor mémoriel : les témoignages d’enseignants de la
région sanfloraine durant la période la plus terrible de la Seconde
guerre mondiale de mai à août 1944 ! On pense tout de suite
aux combats du Mont Mouchet et de la Truyère, aux otages fusillés à
Soubizergues, au massacre de Ruynes, aux villages incendiés de
Clavières, Anterrieux, Saint-Martial, aux blessés achevés à
Saint-Just, aux déportés de Murat... » En
1944, avec le maire et le curé, l’instituteur était un pilier de
la société . Chargé de transmettre le savoir aux enfants, il était
souvent secrétaire de mairie, connaissait ce qui se passait dans la
commune. Lorsque les Allemands viennent enquêter dans le village, il
se retrouve sur la sellette... « Il
ressort de ces témoignages, que pendant deux mois, dans nos
communes rurales, on a vécu dans la crainte. Les moyens de
communiquer et de circuler sont très limités et pourtant les
nouvelles se diffusent : on apprend vite que les villages ont
brûlé dans la Margeride, un massacre perpétré à Ruynes...
À la fin de l’année 1944,
lorsque les instituteurs rédigent leurs témoignages, la guerre
n’est pas finie. On ne sait pas tout. C’est pourquoi des
“Compléments” sont ajoutés. » Les
documents, à l’exception d’un seul, étaient manuscrits.
Dactylographiés pour en faciliter la lecture, le texte demeure
respectueux. Pendant plusieurs semaines Jean Favier est resté en
immersion dans ces archives pour les mettre en forme, les rendre
accessibles. Les noms propres et les dates apparaissent en caractères
gras pour simplifier les recherches. La population des villages vit
durant deux mois dans la crainte et l’incertitude, connaît des
journées de feu et de sang, de cendres et de larmes : fouilles
des maisons, interrogatoires, menaces, hameaux brûlés, exécutions
publiques, massacres de Ruines et de Soubizergues... Le 24 août
1944, le départ des Allemands de Saint-Flour et du Cantal devient
Libération ! L’ouvrage permet des recoupements qui
accréditent les témoignages déjà recueillis. Pour qui veut se
plonger dans cette période peut commencer par cette édition et
ensuite passer aux autres livres de Jean Favier pour entrer dans le
détail. Le classement par cantons et communes facilite les
recherches.