Les tribulations militaires de Daniel Pruniéres
Après la cérémonie de commémoration du 11 novembre 1918, Daniel Pruniéres a reçu le Titre de Reconnaissance de la Nation, une distinction honorifique française destinée aux personnes qui ont servi la France durant certaines périodes de conflits. Né en février 1968, Daniel fait partie d’une famille de six enfants, avec deux sœurs et trois frères. En plein préalable, à Mende, d’un bac littéraire, il se résout à participer à la préparation militaire de parachutiste, sans doute influencé par l’expérience de son père. Lequel avait sauté en plusieurs lieux d’Afrique du Nord, au cours d’un service militaire de 28 mois en Algérie. Et puis il décide de devancer son incorporation en août 1986 à Mont-de-Marsan. Il veut voir le monde et découvrir du pays avec en bandoulière une curiosité socioculturelle qu’il s’ingéniera à satisfaire tout au long de ses périples, « observer le décor et son envers». Appelé du contingent en 1986 dans une compagnie d’éclairage et d’appui, il est tireur Milan, un missile antichar filoguidé. Il signe pour un volontariat de longue durée et se retrouve en Nouvelle-Calédonie au moment du référendum d’autodétermination en 1987. Il est de retour sur l’île en 1988 pour accomplir l'identique mission : garantir et affirmer l’ordre après l’affaire de la grotte d’Ouvéa, ainsi que les secours et la préservation des intérêts français. Cette même année 1988, il s’engage et se trouve affecté au 8e RPIMA de Castres. En 1989, il commence à vraiment voyager, en Centrafrique, pour débuter et assurer présence et protection des valeurs françaises. En 1990, c’est au Gabon qu’il atterrit comme pour la Centrafrique et en prime, participer à des stages commandos sous la houlette d’un spécialiste en la matière dont la réputation n’est pas surfaite. Victime d’un accident, il est rapatrié sanitaire pour subir une opération chirurgicale à Paris. En 1991, son envie de découverte passe par l’Irak via la Turquie. Départ de Toulon dans un transport de troupes maritime français qui croise en mer le Nimitz, le plus puissant porte-avions américain. Il mesure alors la différence des équipements et objectifs des deux pays. Puis, débarquement sur la base d’Incirlik, située près de la ville d’Adana, en Turquie. C’est une infrastructure aérienne utilisée conjointement par l’armée de l’air turque et l’US Air Force, principalement par le 39 th Air base Wing. Puis ils poursuivent jusqu’au Kurdistan irakien pour un peu plus de deux mois sous commandement américain. Les températures avoisinent les 66 degrés Celsius, et « nous devons boire énormément d’eau en bouteille chaque jour pour éviter la déshydratation et la pollution volontaire des divers points d’eau. » Ils testent les VAB Véhicules avant blindés. Il est responsable de l’approvisionnement, négociateur du ravitaillement et agent de décontamination nucléaire, biologique et chimique. Cette aventure avec ou sans le romantisme ad hoc lui convient. « Ce que j’ai le plus apprécié c’est la cohésion des groupes dont j’ai fait partie et leur esprit d’équipe. Pour moi, cette expérience est positive. Je voulais voir du pays et j’ai accompli ma mission ». Côtoyer les autres pour un apprentissage de la vie dès 18 ans demeure formateur. La mixité des équipes et leurs différents points de vue amènent à la réflexion. « Toutes ces expériences m’ont permis de découvrir des régions comme personne ne peut les apercevoir, ont renforcé mes convictions et ma fierté d’avoir servi mon pays. De retour en France, je suis passé en compagnie d’instruction auprès des recrues récemment engagées. J’ai exercé un poste de fourrier chargé de l’habillement et du paquetage. Arrivé à l’âge limite, j’ai bénéficié d’une formation d’apprentissage militaire à Fontenay-le-Comte. J’en suis ressorti avec un CAP européen de tourneur-fraiseur et programmateur en commandes numériques. » L’armée ne l’a pas largué. « J’ai trouvé un emploi en la quittant. Ce travail répétitif ne me convenait pas. J’ai opté pour l’artisanat où le relationnel de plombier-chauffagiste que je suis devenu marque ma préférence. Dans le civil, j’ai intégré le centre de secours de Chaudes-Aigues où j’ai retrouvé pendant un temps cet esprit de camaraderie que je venais de quitter ». Il est aujourd’hui un porte-drapeau exemplaire aux cérémonies commémoratives.


