Des nœuds et du feu pour une exposition éphémère

Par PAULOCHON

Louveteau Christian Jaccard apprend le manuel du gabier et les feux de camp, signes prémonitoires d’un devenir artistique. La démarche de Christian Jaccard reste certainement parmi les plus originales et les plus intéressantes de l’art contemporain. Il privilégie les gestes ancestraux et en vient à sélectionner deux modes d’intervention : les nœuds et le feu dont il ne tarde pas à comprendre la dimension métaphysique. Il y a un aspect chamanique dans le travail de Christian Jaccard qui exige une grande maîtrise. Il ne joue pas avec le feu, il ne le domestique pas non plus, mais il l’apprivoise. Deux principes entrent en action. Le premier consiste à sacrifier un support en le carbonisant. Le second imprime une succession de signes brûlés verticaux qui constituent une ligne d’écriture. Christian Jaccard déploie une technique qui vise à laisser des référentiels indélébiles. Il s’inscrit donc dans une tradition immémoriale, rupestre, où l’empreinte demeure un élément clé. L’empreinte par la combustion donne une symbolique forte à l’œuvre, renvoie aux origines du feu. Calciner ne veut pas dire détruire, mais déconstruire afin d’appréhender la chose au-delà de sa virtualité. L’usage de la flamme tient pour finalité d’en finir avec les prérogatives et les conventions d’un métier artistique. Les outils de carbonisation remplacent brosses et pinceaux. Christian Jaccard a constaté la tâche des bénévoles du CLAC et compris que l’association ne possédait pas de grosses ressources. « Ils ont si peu de moyens, »  me confiera-t-il. Il a donc proposé au commissaire Eric Vassal, membre du CLAC, de réaliser une œuvre murale éphémère, unique qui restera le temps de l’exposition et de travailler gratuitement, un superbe cadeau de la part d’un plasticien célèbre. Cette œuvre devient le prolongement d’une autre « tous mes tableaux dépendent du précédent ou du prochain. Si on les mettait bout à bout, ils constitueraient une gigantesque fresque. » Il connaît bien Chaudes-Aigues : sa mère y venait en cure régulièrement.

 

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