Le public passe une bonne soirée avec les martagons.
Disons-le tout de suite, le martagon est un lys aubracien, violet, protégé, une rareté, d’une beauté absolue. Le pluriel de ce mot s’applique à merveille pour l’ensemble de la troupe éponyme. Seize acteurs se défoulaient sur la scène de la salle Beauredon avec une soixantaine de spectateurs. Rien que le synopsis dispensait le ton, motivait non seulement les fans du groupe, mais également ceux qui ne le connaissaient pas. « Miracle au couvent de Sainte-Marie-Jeanne » se donnait ce soir-là. À la boutique du prieuré, dont les ventes financent les bonnes œuvres des sœurs, le célèbre élixir de Sainte-Marie-Jeanne aux nombreuses vertus ne fait plus recette. Une nonne suggère l’idée d’ajouter une herbe mystérieuse à la préparation. Le succès du nouveau stimulant de Marie-Jeanne s’avère « stupéfiant », dans tous les sens du terme. Certes, mais les ennuis commencent à pleuvoir. Tout à l’abbaye devient vaudevillesque et addict à la boisson de substitution. Mais le Crédit mutualiste, lui, apprécie le redressement économique de la communauté. Anatole et Victorine affectionnent le breuvage. Les deux bénévoles, Marie-Chantal et Jean-Bernard, se déclarent. Pour une sublimité, s’en est une. Mais arrive au couvent toute une faune qui ne possède pas que des intentions très chrétiennes. La mère supérieure, ivre de joie, se lâche, ça court, ça rigole. L’hilarité accapare l’auditoire. Les policiers se doutent, goûtent le nectar. La conjoncture devient désopilante. Le cinéphile, lui, reconnaît des réparties des « tontons flingueurs », dont les personnages s’inspirent. Elles ajoutent à la bonne humeur. L’assistance applaudit, rit aux anges, présuppose certaines situations comiques. Public et acteurs s’immergent dans ces situations cocasses. Divertissement complet et burlesque, fous rires, et délassements nourrissent une soirée décontractée, telle que d’aucuns les apprécient.