Le
Dernier Chômeur à Caleden.
Photo Thierry Marcilhac |
C’est dans les salons de Caleden que
nous avons rencontrés Didier Audebert, l’auteur du « Dernier
Chômeur » encore en vie, le seul qui refuse de
travailler dans une nation où ne pointe plus aucun demandeur
d’emploi. Meurchaud cabossé par l’existence s’est mis en marge
de la collectivité dans un village retiré. Avec son Chégué d’ami,
ils cultivent la paresse. Sauf, car il y a un mais, que dans la
société où ils vivent l’inoccupation est « interdite »
et se trouve en passe d’éradication avec des méthodes
contestables. Mais ce pays que l’on suppose, la France, sert
d’exemple européen et le recensement officiel des statistiques ne
comptabilise plus qu’un seul chômeur. Et fier de son statut le
bonhomme ne veut pas travailler… Bref, vous l’aurez compris il
s’agit là d’une fiction politique ou vice versa selon votre
goût. Comme les chats, Didier Audebert, semble posséder neuf vies
du cinéma à la littérature pour finir actuellement dans
l’événementiel. Les stars ski au Lioran cet hiver, c’était
lui. Le personnage n’est visiblement pas levé depuis longtemps
quand il s’assoit face à nous. L’homme attachant, empli humour,
celui que nous apprécions, très second degré, disséquera son
roman sans en dévoiler la trame et l’objet. Le lecteur comprend
vite qu’il s’agit là d’une fable dont le postulat s’installe
rapidement. Au fil des 360 pages, on se laisse porter avec souvent
l’envie d’aller voir au dernier chapitre comment ça se termine.
Et l’on remarque au détour de l’intrigue des allusions à
l’actualité avec quelques coups de griffe de-ci de-là, à
droite , à gauche, afin de
faire bonne mesure. On se croit parfois chez les Bisounours, le
paragraphe suivant nous sommes dans une république bananière. On
en sourit et l’on passe de la comédie au drame, de l’histoire
d’amour au complot politique, de la manipulation des masses à
l’intimité de la chambre, celle du pouvoir et à coucher. Même si
l’on suppute en cours de route quelque stratagème d’écriture on
se laisse aller à cette comédie, on escorte ce dernier chômeur. Et
comme il n’en reste qu’un et qu’il ne veut pas se fatiguer, il
devient « le Che Guevara de la paresse ». Notre héros
emblématique pourfend cette société de moulins à vent mâtiné de
don Quichotte accompagné de son Sancho Pança dans un
voyage en utopie. Le livre pointe désormais dans les meilleures
ventes du classement du Figaro.