Le
Cantal’ink va marquer une pause.
Le week-end dernier, nous avons rencontré la famille Chaudesaigues,
instigatrice de la manifestation qui a tenu sa 5e édition en
juillet. Un millésime de l’avis de tous parfaitement abouti dans
tous les compartiments de l’événement tant dans l’agitation du
bourg que par la participation et la qualité des tatoueurs invités.
Voici ce qu’en pense Stéphane Chaudesaigues qui a décidé de
marquer une pause pour les raisons invoquées ci-dessous. « Je
suis bien sûr satisfait de cette cinquième édition. Qui ne le
serait pas? Nous avons réussi à développer le off pour animer un
peu plus le village. Nous avons accueilli le Cantal Wheels qui a
envahi, c’est le mot, la place du marché. Il y a longtemps que
nous le souhaitions, faute de financement ou de partenariat nous
avions délaissé cet espace qui aurait pu, sans la défection de
l’association des commerçants, l’an dernier, être une réalité.
Le Cantal Wheels faisait peur avec la venue potentielle d’une horde
connotée de motards, mais les prévisions météo ont découragé
les bikers. Malgré tout, la place s’est remplie à devenir noire
de monde grâce à la boule de la mort et aux belles mécaniques. Le
grand public a pu passer quelques heures à Chaudes-Aigues sans pour
autant aller voir les tatoueurs. La gratuité du off a grevé le site
de l’enclos si bien qu’il nous manque deux mille entrées ; qui
ajouté au faux bond du standiste ont quand même mis en péril
l’équilibre du financement global de la manifestation. Ce qui en
soi pourrait ne pas être aussi grave que l’on peut le penser. Nous
l’avons souvent dit, on ne peut pas affirmer que les
institutionnels aient ouvert leur porte-monnaie pour nous aider. La
presse s’est fait l’écho de subvention touchée par les hautes
terres, les étoiles du sport... Le tatouage semble ne pas exister.
Quand on sait les sommes dont bénéficie le boogie-woogie devenu un
modèle du genre. Le Cantal'Ink est une vitrine internationale. Nous
ne sommes en tout cas pas une fête de village. Allez à Eugene en
Oregon aux États-Unis, dans la devanture du tatoueur local Joshua
Carlton, vous trouverez le Chaudesaigues Award et les articles de la
presse américaine et mondiale s’y rapportant. Nous nous sommes
sans doute montrés maladroits dans nos demandes de subventions. Nous
n’avons peut-être pas su les motiver, les formuler. Ou nous avons
commis une erreur dans le processus. Quoi qu’il en soit, tout le
Cantal connaît notre existence. Nous en faisons la promotion et
celle de Chaudes-Aigues la seule station thermale. Je ne vous parle
même pas des sommes réclamées par la Sacem. Nous nous
interrogeons. Tout ne réside cependant pas que dans le financement,
au-delà reste le climat local. Personnellement, il m’est difficile
de travailler avec certains élus. Chaque fois que nous proposons,
sollicitons, suggérons quelque chose, j’ai l’impression de me
trouver face à un mur. Pour ma famille et moi, le nom de
Chaudesaigues possède une valeur inestimable que nous ne galvaudons
pas, c’est notre patronyme, notre moteur, notre ADN. Le petit
garçon de sept ans, que j’étais, qui découvrait cette ville à
la télévision dans ce coin de Cantal œuvrera le reste de sa vie
pour pouvoir s’installer sur la terre de ses ancêtres, concrétiser
un rêve, retrouver ses racines. Mon nom et celui de mon village sont
indissociables d’une manifestation d’envergure. Pourquoi certains
montrent aussi peu de goût à l’égard d’un festival qui porte
la notoriété Caldagués à son apogée, lui associe un certain art
de vivre, un caractère d’ouverture. J’en ai un peu assez.
J’abandonne le Cantal‘Ink qui n’aura plus lieu à tout le moins
en 2018, voire 2019. Pour la suite, on verra... Certains en tireront
fatalement des conclusions hâtives et insidieuses. Ma famille et moi
économiserons temps, argent et énergie personnels. D’autres
projets, investissements, prennent forme. Les choses naissent, vivent
et meurent, c’est la vie et nous tendons vers d’autres objectifs
et d’autres envies. »