Les tribulations d’un Caldagués en Chine.
Yves Chassany, président de l’Union pour la promotion de la race
Aubrac (UPRA) début novembre, du 4 au 6 plus exactement, a participé
à un voyage en Chine. Il faisait partie de la délégation
économique qui accompagnait Emmanuel Macron. « Je prends
cela comme une reconnaissance pour tous les éleveurs Aubrac à
travers ma présence. L’objectif était de montrer que l’exécutif
agissait en nous invitant. » La majorité des races
allaitantes étaient représentées. « Pour le Cantal nous
étions bien lotis puisque prenaient part aussi Bruno Dufayet
président de la Fédération nationale bovine (FNB), Jean-Marie
Fabre pour le label rouge Salers, et personnellement président de
l’UPRA Aubrac. » Ce voyage comportait deux facettes faire
goûter les viandes françaises au chef d’État chinois et offrir
aux éleveurs l’opportunité de conquérir ce marché. Les Chinois
possèdent des habitudes alimentaires bien ancrées dans leur
culture. « Ils privilégient la viande bouillie alors que
nous nous recherchons celle à rôtir. Ils consomment essentiellement
du Porc et de la volaille. Contrairement au pourtour méditerranéen
où nous exportons du bétail vivant : Grèce, Algérie ou
Turquie. Pour les Chinois en l’occurrence ce sera uniquement de la
viande bovine. Leur réglementation sanitaire nous obligera à livrer
des quartiers d'animaux de moins de trente mois. »
L’abattoir d’Entrenas, Lozère viandes , monte
actuellement son dossier d’agrément pour la Chine. « J’ose
espérer que la coopérative Altitude à Aurillac va se lancer dans
le créneau. » L’idée générale demeure que le
gouvernement a effectué sa part de travail, maintenant aux éleveurs
de poursuivre. Les verrous ont sauté, il ne reste plus qu’à
pousser les portes. « Désormais, à nous les filières
d’obtenir les agréments pour satisfaire une clientèle potentielle
d’un milliard quatre cents millions habitants qui compte 0,1 %
de milliardaires et 1 % de millionnaires. Fournir les 0,1 %
nous suffirait amplement. Je vous laisse faire le calcul. »
Les morceaux rémunérateurs iront aux consommateurs de ces mégapoles
qui possèdent un niveau de vie certain pour leur permettre ce genre
de dépenses. Ils vivent essentiellement à Shanghai et Pékin. « Le
mardi nous avons parcouru les rayons d’un hyper marché à Shanghai
ou nous avons découvert des viandes de bœuf du Canada, américaines,
brésiliennes. Nous avons trouvé des salaisons aveyronnaises
exportées par les établissements Bastide. Les prix s’avéraient
profitables pour tout le monde. Nous devons nous montrer efficaces,
car nous n’arriverons pas seuls. » Mais notre
Caldagués sera aussi particulièrement étonné par la démesure des
sites et des habitudes. « Au sommet de l’élevage ou au
salon de l’agriculture, c’est une joyeuse cohue pour
l’inauguration ou la visite d’un président. En
chine c’est le contraire. Les lieux sont vidés du public, il ne
reste que les représentants invités et intéressés. Ainsi nous
étions seuls au milieu d’un ensemble de 550 000 mètres
carrés du salon mondial de l’import. » Les réseaux sont
neutralisés aussi bien en ville que sur les autoroutes. Tout est
déserté, les délégations ont toutes les priorités. Cette culture
de la sécurité a quelque chose d’inconnu chez nous. Puis Yves
Chassany tempère. « Cependant, il ne faut surtout pas
croire que je vends du rêve aux éleveurs. La réalité est tout
autre. Ce marché chinois ne s’ouvrira que si nous travaillons à
le conquérir, la tâche est ardue. Reconnaissons à l’exécutif
ses efforts, à nous de nous en montrer dignes. Si nous
échouons, nous ne devrons pas nous plaindre ». En conclusion
« Une expérience exceptionnelle à laquelle j’ai
participé avec la chance de côtoyer des gens importants. Nous
devons nous organiser pour profiter de cette opportunité. Le travail
commence aujourd’hui. J’ai sans doute effectué le plus facile
avec le voyage » une sorte de donnant, donnant qui peut se
transformer en gagnant, gagnant. Il suffit de… Puis la conversation
roulera sur d’autres sujets de l’actualité agricole.