Romain, Manon , Simone, le seau et la serpillière.




Avec ce titre, on pourrait croire à une fable de La Fontaine.


Mais que l’on ne s’y trompe pas c’est une tout autre histoire où cependant le récipient et son accessoire demeurent tout de même importants. Ce mercredi matin vers onze heures au Moulin des templiers nous sommes assis autour d’une table dont le plateau consiste en une ancienne meule en granit, posée sur son socle par Louis Chardenoux. C’est plus qu’un souvenir en ce qui me concerne. Le monsieur possédait une obsession pour cet endroit, son hôtel-restaurant éponyme et son environnement. Romain et Manon sont les nouveaux exploitants des lieux depuis la retraite de Simone Gascuel. Le parcours des jeunes gens, tous les deux dans leur trentième année, ne détient rien d’atypique, mais courageux. Ils se rencontrent, se trouvent un projet commun : quitter le confort de leur profession à Clermont-Ferrand pour rentrer dans le Cantal, à La Valette où Romain entraîne Manon, originaire de Saint-Poncy. Ils démissionnent de leur emploi juste avant le premier confinement en mars 2020 pour changer de vie. Dans le même temps, Simone Gascuel aborde aux rives de la retraite. Elle cherche quelqu’un qui peut la remplacer. Mais, car il y a un mais, elle voudrait tomber sur des repreneurs qui se plieraient à ses prérequis. Ceux à qui elle en parle se taisent, mais n’en pensent pas moins. Chacun explore de son côté et à force de fureter se trouve. La reconversion des trentenaires prend forme. Les souhaits de la pensionnée vont se concrétiser. Depuis le premier janvier 2021, le jeune couple gère l’établissement. L’exploitante précédente apprécie enfin le repos infini dans les conditions quasi espérées. Dans le soleil maladif d’une piètre journée d’été, autour de cette table ronde, tous les trois me racontent leur version qui ne diffère nullement l’une de l’autre. La vie réserve des surprises. Nous ne dévoilerons pas ici les termes du contrat. La cohabitation de la jeunesse et des désidératas de la propriétaire s’avère parfois source de discussions. Ils ne nourrissent aucun conflit, mais le dialogue et le respect. Dans leur formation, Manon et Romain depuis un an assimilent, travaillent de la même façon qu’ils le sentent. L’expérience et le métier corrigent. Simone suggère. « Leurs manières de faire divergent fatalement de la mienne. La différence d’âge instaure forcément une disparité d’exercice, de pensée et d’approche des tâches et de la gestion. » Affirme la retraitée. Romain apprend la cuisine avec Simone, non pas pour faire pâlir les étoiles de Serge Vieira. Mais pour servir le souper et les petits déjeuners aux clients des cinq chambres d’hôte. Par ailleurs, ils veulent proposer une fonction de traiteur pour des repas associatifs ou de famille sans s’attacher aux mariages et autres festivités plus haut de gamme. Simone d’ajouter « Il se montre bon élève. Il lui reste encore des progrès à effectuer. Manon à l’accueil est appliquée. Accepte mieux les remarques de ma part que Romain. Lui exprime un certain agacement par exemple pour le seau et la serpillière qu’il laisse traîner dans un coin sans les ranger quand il a fini. » Ils éclatent de rire. La conversation roule plus d’une heure sur tout et rien, l’important et le non essentiel. Les trois s’entendent presque comme larron en foire dans une décontraction où l’humour ne réside jamais bien loin.

 


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