Le dernier Grand Parcours d’André Lossouarn.

Par PAULOCHON

Ce jour-là, il  assure l’intendance du relais de Requistat, attend le passage des participants. André Lossouarn se laisse aller à quelques confidences pour patienter et autres anecdotes sur la manifestation. Je vous signale que c’est mon 26e grand parcours. Le dernier, pour moi c’est fini. Pourquoi ? Je suis dans ma quatre-vingt-dixième année, je pense qu’il est temps d’arrêter. Il faut savoir s’arrêter. Chef de troupe en charge principalement du ravitaillement au Lac des fonds, il maîtrisait les besoins en fonction du nombre d’inscrits : eau, charcuterie, fromage, fruits ou boissons, pain. Le plus difficultueux demeurait dans la préparation des portions individuelles. On passait du temps à découper des jésus, débiter des carrés de Cantal, couper les baguettes, assurer leur conservation, la présentation. Mettre en forme l’accueil avec son équipe de fidèles, dont certains sont partis définitivement. Je me souviens du premier il démarrait de Saint-Urcize pour arriver à la presqu’île de Mallet. Il a plu toute la journée, des trombes d’eau. Depuis il n’a pas dû manquer une seule édition. Magnifique spécialiste de la subsistance il a toujours donné son avis autorisé et tous s’ appliquaient à l’aune de ses conseils. On a fait la promotion des produits locaux en les distribuant aux concurrents : la fouace, le saucisson, le cantal. Mais on a fait aussi celle du pays et de notre air pur, également un véritable atout pour le grand Parcours. Jamais à court d’arguments ou de victuailles, prêt à satisfaire les plus gourmands ou affamés. Sa décision se trouve irréversible. Absolument ! Ce qui m’inquiète le plus, je ne vois pas se dessiner une relève. Mais quand même je compte sur la jeunesse pour remplacer mes quatre-vingt-dix années. Nul n’est irremplaçable. Il affiche une vraie bonne humeur ce matin-là même si l’on pouvait discerner une pointe de nostalgie. Gageons qu’il continuera de promener à tout le moins sa stature et sa voix reconnaissables à des mètres. Le personnage va manquer au paysage.

 


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